La société civile de Goma s'oppose fermement à un arrêté accordant des exonérations fiscales à Modeste Bahati Lukwebo, député, ex président du Sénat et opérateur économique. Dans une lettre adressée au gouverneur de la province, Peter Cirimwami, datée du lundi 13 mai, la société civile exprime son indignation face à l'octroi d'avantages fiscaux à des personnalités politiquement et économiquement puissantes du pays.
Cet arrêté, signé le 7 mai dernier par le gouverneur militaire, exonère Modeste Bahati de l'impôt foncier et de l'impôt sur les revenus locatifs de son patrimoine immobilier à Goma, pour une durée de deux ans renouvelable. Ce patrimoine comprend 13 concessions foncières.
Pour John Banyene, président provincial de la coordination de la société civile, cet arrêté favorise un climat d'incivisme fiscal et aggrave les inégalités sociales.
Il exprime le ressentiment de la population du Nord-Kivu, meurtrie par la guerre, face à cette faveur accordée à une élite politique dans un contexte économique difficile :
"La population du Nord-Kivu est meurtrie par la guerre, nous sommes des sinistrés. Actuellement les conditions économiques ne sont pas favorables, voilà pourquoi nous sommes étonnés que le gouverneur exonère l'honorable Bahati Lukwebo sur tous ses immobiliers se trouvant à Goma", déclare John Banyene.
Cet acteur de la société civile locale souligne que de nombreux citoyens ordinaires sont écrasés par la pression fiscale, certains étant contraints de fermer leurs entreprises. Cette exonération, sans aucune contrepartie pour la population, crée d'après lui, une injustice sociale et risque d'encourager l'incivisme fiscal en donnant l'impression que les politiciens sont privilégiés au détriment du citoyen ordinaire.