Ousman Sonko l'ex-ministre de l'Intérieur sous Yahya Jammeh vient d'être condamné pour crimes contre l'humanité à 20 ans de réclusion ferme. Actes de torture, exécutions et détention extrajudiciaires, enlèvements commis dans le cadre de crimes contre l'humanité, tels sont les faits reprochés par le tribunal fédéral Suisse qui a livré son verdict ce mercredi en fin de matinée
Ce verdict est une véritable satisfaction et un soulagement pour les parties civiles. Durant sept ans, et ce, depuis l'arrestation d'Ousman Sonko en 2017, l'attente du jugement fut longue.
« C'est d'abord le verdict de culpabilité qui nous réjouit d'abord pour les victimes et les plaignants qui se sont battus toutes ces années de procédures. Et puis, la réjouissance que les crimes dont ont souffert les gambiens, des crimes atroces de tortures et j'en passe, soit reconnus aujourd'hui par un tribunal impartial et indépendant, a déclaré Benoit Meystre, le conseiller juridique de l'organisation Trial International qui est à l'origine de la plainte auprès des juridictions Suisses. On a entendu des plaignants dire que le fait de pouvoir témoigner devant un tribunal de ce dont ils ont souffert, participe à leur guérison ».
De 2000 à 2016, Ousman Sonko était au cœur du système répressif sous la dictature de Yahya Jammeh. Mais lui et son avocat ont toujours rejeté toute responsabilité. Ils imputent les crimes aux services de renseignement et aux milices pro régime de l'époque.
Un jugement au caractère symbolique
« Il est clair qu'il n'a jamais été présent sur les lieux au moment des faits, et il est clair que les personnes qui ont commis ces faits et qui sont clairement identifiés n'ont jamais été ces subordonnées. Ça fait un peu l'impression, on met tout le monde dans le même bateau, déplore l'avocat d'Ousman Sonko, Phillipe Currat, qui a annoncé qu'il allait faire appel. De toute manière, il était ministre, dont il était forcément au courant et parce qu'il savait alors forcément, il est coupable, c'est un peu facile, c'est un peu léger. »
Pour la justice internationale, ce jugement revêt un caractère symbolique, car il est relativement rare que la compétence universelle soit invoqué et donc qu'un jugement pour crimes contre l'humanité commis dans un autre pays soit prononcé. Pour l'heure, Ousman Sonko est le premier dignitaire gambien de l'ère Jammeh à être condamné à l'étranger.
Il y a deux ans, les autorités gambiennes ont accepté de poursuivre 70 personnalités. Yahya Jammeh bien sûr, mais aussi d'anciens dignitaires sur qui des accusations de crimes et d'atrocités planent toujours.