Dans les travées du stade de la Source d'Orléans, Fred Dembi est revenu sur la belle saison du Red Star, champion de National 1. Il évoque également ses aspirations pour la saison prochaine et les échéances à venir de la sélection congolaise.
Les Dépêches de Brazzaville : bravo Fred pour ce beau titre de champion de National 1, que n'entache pas la défaite de ce soir face à Orléans (1-2).
Fred Dembi : Oui, c'est un beau titre. Ce n'est pas mon premier titre (voir encadré), mais celui-ci est particulier, car il nous fait basculer dans le monde professionnel. Il ouvre les portes de la Ligue 2. Et il ponctue le très beau parcours de ce groupe.
LDB : Un parcours reconnu par tous les observateurs, tant par le jeu que les résultats de l'équipe.
F.D : Durant toute la saison, on a eu cette volonté de pratiquer du beau football, avec des principes de jeu et un état d'esprit collectif. On a maîtrisé la concurrence de bout en bout, avec des séries de victoires, avec un écart régulier de 8 points sur le second, 11 ou 13 longueurs d'avance sur le 3e et finalement un titre acquis à cinq journées de la fin.
LDB : Ce soir encore, le Red Star est entré sur le terrain avec la volonté de faire le jeu, malgré la défaite finale.
F.D : L'équipe a été sous pression toute la saison pour aller chercher ce titre. Et je crois que malgré l'envie de bien faire jusqu'au bout, involontairement, on décompresse et on se relâche un peu. Nous étions tellement focus sur nos objectifs qu'on n'a jamais pris le temps de savourer nos parcours. On a toujours été dans la remise en question : on gagne, on passe au match suivant. Une anecdote l'illustre bien : nous n'avons jamais chanté le cri de guerre après nos victoires (ndlr : 18 cette saison).
LDB : Est-ce que cela s'explique par le scénario cauchemardesque de la saison 2022-2023, quand Dunkerque et Ipiélé vous coiffent au poteau ?
F.D : Clairement, cela a été un traumatisme pour l'équipe. Quand, à la 80e minute de la dernière journée, tes supporteurs chantent « on est en Ligue 2 » et que cinq minutes plus tard, tu comprends que ce n'est pas toi qui montes, bah tu pleures. Et après, tu ne chantes plus. Ensuite, on a su se relever en se fixant un objectif encore plus grand que la montée : l'accession en étant champion. Je crois vraiment qu'il faut féliciter le groupe pour ça.
LDB : En face, il y a une équipe d'Orléans qui arrache son maintien en vous battant. L'ancien Orléanais que tu es doit être un peu soulagé, dans le fond ?
F.D : On est venu pour gagner et on a essayé de faire le jeu, de prendre du plaisir. Avec cette décompression logique, il nous a manqué un brin de réalisme. A l'inverse, Orléans a su être très efficace, en marquant sur sa première vraie occasion. Tant mieux pour l'USO, qui jouait sa survie.
LDB : Le départ d'Habib Beye et les tourments juridiques de 777 Partners, la société propriétaire du club, perturbent-ils l'équipe ?
F.D : Non, ça n'impacte pas le groupe. On sait que le club est bien géré. Notre boulot à nous, c'est le terrain, donc on reste focalisé sur la dernière journée, à domicile, pour pouvoir fêter ça dignement avec nos supporteurs. Avec les autres joueurs, on s'est rendu compte que l'on n'avait pas assez savouré notre titre : on continue de s'entraîner avec sérieux. Même le coach essaye de nous débrider. Donc il va falloir qu'on se lâche vraiment et qu'on kiffe ce moment-là. Ce qu'on a vécu est unique, on est lié à vie par cette aventure. Pourtant, certains vont sûrement quitter le groupe, on ne se reverra peut-être pas.
LDB : Et toi, justement, comment vois-tu ton avenir ?
F.D : Mon avenir, je le vois au Red Star. Je suis bien ici, j'ai envie de jouer la Ligue 2 avec le club qui est venu me chercher et m'a fait confiance. Le foot est plein de surprise, mais pour moi, les choses sont claires.
LDB : En attendant la Ligue 2, après quelques jours de repos, cap sur le Congo et deux matches face au Niger et au Maroc. Un programme alléchant.
F.D : Oui, deux matches importants pour nous. L'équipe est dans un processus de reconstruction, on a un groupe sain, que le coach a su renforcer avec des jeunes comme Owen Matimbou, qui a livré une belle prestation contre le Gabon en amical (ndlr : 1-1 le 26 mars). L'objectif est d'aborder les éliminatoires de la CAN 2025 avec une équipe compétitive. Si on peut être performant dans les matches de qualifications du Mondial, on ne va pas se priver. Mais il faut être réaliste, dans le groupe relevé, on est loin d'être favoris. On sait d'où on vient et on sait où l'on veut aller.
LDB : Deux matches, deux profils différents et deux oppositions de style.
F.D : Tout à fait. Ce sont deux footballs différents, avec bien entendu un demi-finaliste de Coupe du monde et ses joueurs de très haut niveau. Cela va nous permettre de nous étalonner, de jauger le travail fait jusqu'à présent avec le staff.
LDB : Dans un contexte logistique bancal, on a senti que quelque chose naissait au sein du groupe lors du match de Chambly. Tu confirmes ?
F.D : La défaite en Zambie a été très dure pour le groupe. Dans la difficulté, le groupe s'est soudé. On l'a ressenti en se retrouvant à Orléans. Je crois que le sélectionneur, Isaac Ngata, a su insuffler un état d'esprit conquérant. On est en mission pour la nation.
LDB : Depuis mars, il n'y a pas beaucoup de communication officielle sur la situation du staff d'Isaac Ngata. En coulisses, est-ce que vous échangez ?
F.D : Oui, beaucoup. On a un groupe WhatsApp avec le staff et les joueurs, on parle constamment. En tant que vice-capitaine, je parle beaucoup avec le sélectionneur, qui passe par Sylver et moi pour transmettre ses messages et les informations. Le groupe a hâte de se retrouver et de tout donner pour le pays.
Fred Dembi, né le 21 février 1995 à Pointe-Noire.
Milieu défensif, droitier, 1m84, 7 sélections, 1 but
Palmarès :
Champion de National 3 (CFA 2 à l'époque) en 2016 avec la réserve du Havre (20 matches joués, 1 but)
Champion de Régional 1 avec l'AL Déville Maromme en 2018
Champion de National 3 avec le FC Rouen en 2019 (21 matches, 3 buts)