Goma, la grande ville de l'est de la RDC, enterre ce mercredi 15 mai ses morts après les bombardements du 3 mai. Des roquettes parties des positions rebelles du M23, soutenu par le Rwanda, ont tué 35 personnes selon le bilan définitif des autorités congolaises. Des sources humanitaires ont évoqué une quinzaine de morts. Un hommage leur a été rendu, le premier depuis le début de la guerre il y a deux ans. La cérémonie a commencé avec plusieurs heures de retard.
En RDC, un ballet d'ambulance défile devant la morgue de l'hôpital provincial. Les cercueils, qui n'ont été expertisés qu'en début de matinée selon plusieurs sources proches du gouvernement sont déposés dans des camions pour être transportés jusqu'au lieu de la cérémonie. Parmi les victimes, il y a le frère d'Espoir. « C'était aux environs de 9 ou 10 heures le 3 mai. Il travaillait dans son magasin de recharge de téléphone. Et puis, comme il était fatigué, il est rentré dans sa hutte pour se reposer. La bombe lui est tombée dessus et on l'a retrouvé là-bas », explique-t-il.
Sous les tentes, 35 cercueils sont exposés. Devant chaque sépulture, une croix et des noms sont écrits au marqueur. D'autres sources humanitaires évoquaient quelques jours après le drame une quinzaine de morts. Pour le mouvement citoyen, la Lucha, « peu importe le bilan », insiste le militant Depaul Bakulu. « Je ne veux pas faire de débats autour des chiffres. Même si c'était une seule personne, ce serait déjà très grave et cela doit cesser », dit-il.
L'hommage organisé en grande pompe a perdu de sa solennité dès les premières prises de parole. Les activistes ont profité de cette cérémonie pour exprimer leur colère et interpeller les autorités, les jugeant inefficaces. Qu'à cela ne tienne, les ministres venus de Kinshasa ont poursuivi leur discours. Modeste Mutinga, le ministre des Affaires sociales a promis que le bombardement du 3 mai ne resterait pas impuni. « Le Rwanda, principal auteur des bombardements de Mugunga et Lushagala finira par répondre de ses actes devant la Cour internationale de Justice pour avoir violé délibérément les dispositions du droit international humanitaire en s'attaquant aux populations civiles innocentes et sans défense », a-t-il assuré.
« Nous sommes sur le qui-vive en permanence depuis le bombardement »
Les familles ont attendu pendant plus de six heures, devant les nombreuses caméras indiscrètes. « Là où nous habitons au camp, la situation est morose. Nous sommes sur le qui-vive en permanence depuis le bombardement. Moi, je suis déplacée, je viens de Saké. Je sais que ceux qui sont morts ce jour-là étaient au nombre de treize. Il y avait aussi beaucoup de blessés, plus de 30 qui sont partis à l'hôpital. Mais nous, on a vu de nos yeux treize personnes qui sont mortes sur place », témoigne Denise, la tante de deux enfants disparus.
Depuis février, plusieurs obus ont touché les camps de déplacés autour de Goma tuant plusieurs civils. Le ministre des Droits humains, Fabrice Puela, a promis que les victimes seront désormais prises en considération. « Oui, vous les victimes, plus jamais vous ne serez seules avec l'érection d'un cimetière spécial et d'un mémorial pour les souvenirs, pour que nous ne puissions pas oublier les nôtres », a-t-il annoncé.
Le cortège s'est ensuite dirigée vers le cimetière en périphérie de la ville.