Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a promulgué, ce 15 mai 2024, une loi instaurant une couverture santé universelle (NHI) dans un pays parmi les plus inégalitaires au monde. La signature du texte, resté à l'état d'élaboration pendant une douzaine d'années, intervient deux semaines avant les élections générales. Mais le contenu de ce texte est jugé bancal et même anticonstitutionnel par une large frange de la population sud-africaine. Explications.
En Afrique du Sud, le président Cyril Ramaphosa a signé ce 15 mai 2024 la loi portant création d'une couverture médicale universelle dans son pays, l'un des plus inégalitaires au monde. Une mesure forte, en discussion depuis douze ans, et adoptée à deux semaines des élections générales du 29 mai.
Après des années de débats et de discussion et un vote des députés en juin 2023, il ne manquait plus que la signature de Cyril Ramaphosa pour acter définitivement la création de la National Health Insurance (NHI), l'assurance maladie universelle, en Afrique du Sud.
Ce fonds créé par la loi permettra de financer des soins auprès de prestataires publics ou privés, pour garantir l'accès à la santé au plus grand nombre.
« Des gens risquent de mourir »
Actuellement, la vaste majorité de la population sud-africaine dépend d'un système de santé public défaillant et surchargé, alors que les plus fortunés se tournent vers les cliniques privées pour se faire soigner.
Mais, pour de nombreuses organisations de la société civile, du monde des affaires et des partis d'opposition, la loi portant sur l'assurance maladie universelle est mal ficelée et risque au contraire de faire imploser le système de santé sud-africain.
Au-delà de l'épineuse question du financement, certains craignent que les fonds destinés aux établissements de santé soient rapidement détournés, entraînant des pénuries et une diminution de la qualité des soins. « Des gens risquent de mourir », a même déclaré le chef de file de l'opposition, Mmusi Maimane, qui dénonce - comme beaucoup - une manoeuvre de l'African National Congress (ANC) pour récolter des votes, à l'approche des élections générales.
L'Afrique du Sud tient ces élections le 29 mai, qui s'annoncent tendues pour l'ANC au pouvoir depuis 30 ans. Le parti historique risque pour la première fois, dans un contexte socio-économique morose, de perdre sa majorité absolue au Parlement et d'être contraint à former un gouvernement de coalition.