A un an et demi de la présidentielle de 2025 en Côte d'Ivoire, il est déjà l'heure pour certains partis politiques de ménager leur monture pour la quête du pouvoir. Les états-majors des formations et des personnalités politiques font feu de tout bois pour trouver la « potion magique » censée ouvrir les portes de la magistrature suprême à leur candidat au soir du scrutin. Le samedi 04 mai 2024, le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N'Guessan annonçait sa candidature aux élections présidentielles en tant que représentant de son parti.
A l'occasion, il a dévoilé sa vision pour une Nation plus démocratique. Le vendredi 10 mai 2024, au palais des congrès de Cocody à Abidjan, c'était le tour de l'ancien Président Laurent Gbagbo, désigné candidat par sa formation politique, le Parti des peuples africains Côte d'Ivoire (PPA-CI) d'être investi par des militants acquis à sa cause. Le dimanche 12 mai à Yamoussoukro, le Congrès panafricain pour la justice et l'égalité des peuples (COJEP) de Charles Blé Goudé a, à son tour effectué sa rentrée politique.
Même si, l'ancien ministre de la Jeunesse sous Laurent Gbagbo n'a pas officiellement annoncé sa candidature, son parti politique n'entend guère rester en marge de ces élections. De son côté, le nouveau président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), Tidjane Thiam s'attèle à l'organisation interne de son parti avec pour ambition de hisser leur champion à la plus haute fonction du pays. Pendant ce temps, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir n'a pas encore désigné son champion. Le RHDP devra faire le choix entre le Président actuel, Alassane Ouattara ou un cacique du parti.
Selon une certaine indiscrétion, le choix se fera entre le président de la République et son vice-président Tiémoko Meyliet Koné, l'ex-gouverneur de la BCEAO. Un autre prétendant et non des moindre est aussi dans le « starting bloc », l'ancien Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro en exil depuis 2019. Ce dernier avait clamé en mai 2023 qu'il n'y avait aucune « raison » pour qu'il ne puisse briguer la magistrature suprême en 2025. Absent de Côte d'Ivoire depuis quatre ans, l'ex-président de l'Assemblée nationale a enjoint aux cadres de son parti, Générations et peuples solidaires (GPS), d'asseoir une organisation sur le terrain capable de relever le défi présidentiel.
Croyant toujours à ses chances, M. Soro est rentré en contact récemment avec les autorités ivoiriennes notamment avec le chef de l'Etat pour son retour au bercail. Autant dire que les figures de proues du landerneau politique ivoirien seront au rendez-vous de 2025. Mais la question qui taraude les esprits est de savoir ceux qui seront retenus dans la « short liste » du Conseil constitutionnel, l'organe chargé d'apprécier l'éligibilité des candidats. En effet, parmi les prétendants au fauteuil présidentiel, certains doivent régler leurs contentieux judicaires.
Il s'agit de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro. Laurent Gbagbo, acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) bénéficie d'une grâce présidentielle depuis août 2022. Cependant, « l'enfant terrible de Mama » n'a pas encore été amnistié et son nom reste toujours radié des listes électorales. Il est, à l'heure actuelle, inéligible après que ses droits civiques ont été suspendus à la suite d'une condamnation à 20 ans de réclusion, dans « l'affaire du braquage de la BCEAO ». Son parti est en « négociation politique » avec les autorités actuelles et espère obtenir gain de cause.
Charles Blé Goudé lui aussi, acquitté par la CPI et Guillaume Soro en exil depuis près de 4 ans comptent aussi sur la clémence des autorités ivoiriennes. En raison d'une condamnation à 20 ans de prison, dont il fait l'objet en Côte d'Ivoire, pour des faits liés à la crise post-électorale de 2011, Charles Blé Goudé n'est ni électeur, ni éligible. Quant à Guillaume Soro, il a été condamné, à 20 ans de prison pour recel de détournement de deniers publics en avril 2020 et il avait vu sa candidature à la présidentielle invalidée.
Accusé d'avoir fomenté une « insurrection civile et militaire » visant à renverser le régime d'Alassane Ouattara en 2019, celui qui avait refusé de rejoindre le RHDP avait ensuite été condamné par contumace, en juin 2021, à la prison à perpétuité pour « atteinte à la sûreté de l'Etat ». Pour l'heure, ces trois leaders dotés de pouvoir d'haranguer les foules jouent à l'apaisement avec des discours prônant la cohésion sociale. Ces appels seront-ils attendus par les autorités actuelles ? Tout porte à croire qu'elles sont dans cette même vision.
Le Président Alassane Ouattara a facilité, le retour de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Ce qui est un signal fort. Il a également accepté renouer le contact avec Guillaume Soro. Le dernier acte qui reste est de lever les sanctions qui pèsent contre ces derniers et cela est aussi possible dans un Etat de droit. Vivement que la classe politique ivoirienne parvienne à un modus vivendi en organisant une élection apaisée et inclusive afin d'éviter à ce pays qui a souvent connu des soubresauts politiques à l'orée des élections, d'éventuelles troubles.