Tunisie: Gaspillage alimentaire - Un phénomène néfaste qui coûte cher

"Le gaspillage alimentaire est plus dangereux que les pertes alimentaires parce qu'il touche toute la chaîne de valeur", a affirmé Darine Doggui, directrice à l'INC.

Le coût du gaspillage alimentaire s'élève à 570 millions de dinars par an, a fait savoir Darine Doggui, directrice des recherches et des analyses à l'Institut national de la consommation (INC), dans son intervention lors de la journée récemment organisée par le ministère de l'Agriculture à l'occasion de la Journée nationale de l'agriculture. La directrice a ajouté que le gaspillage alimentaire représente 5% des dépenses alimentaires des ménages.

En effet, le gaspillage alimentaire concerne toute denrée alimentaire destinée à la consommation humaine qui est dégradée, perdue ou jetée à différents stades de la chaîne alimentaire, allant de la production jusqu'à la consommation passant par la transformation et la distribution. C'est un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur partout dans le monde : le tiers de la production alimentaire mondiale est gaspillé ou perdu.

En Tunisie, ce fléau trouve son origine dans les nouveaux modes de consommation que les Tunisiens ont adopté. Entre achat excessif, mauvaise conservation des aliments et abondance des plats préparés, les raisons du gaspillage sont diverses. "Le gaspillage est plus dangereux que les pertes parce qu'il touche toute la chaîne de valeur. En jetant une tomate gâtée, il ne s'agit pas uniquement de perdre quelques centaines de millimes mais plutôt de perdre 13 litres d'eau et toutes les ressources utilisées tout au long de la chaîne de valeur pour produire cette tomate et, de plus, on n'a pas respecté les efforts des agriculteurs qui travaillent à la sueur de leurs fronts. Il est devenu éthiquement incorrect de gaspiller les produits alimentaires", a commenté Doggui.

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La responsable a ajouté qu'avec 900.000 baguettes jetées chaque jour, le pain figure parmi les produits les plus gaspillés par les familles tunisiennes. "Les céréales sont des produits subventionnés et malgré cela on se permet de les gaspiller. En même temps, nous sommes de grands consommateurs de pain. Le Tunisien consomme 73 kg de pain par an. Il faut lutter contre la surconsommation du pain et son gaspillage, notamment avec la prolifération des maladies non transmissibles telles que l'obésité, l'hypertension...", a-t-elle indiqué, précisant que, paradoxalement, le mois de Ramadan, qui est censé être une source de spiritualité, est devenu le mois de gaspillage alimentaire par excellence.

La responsable a ajouté que dans un contexte d'épuisement des ressources naturelles, il est aujourd'hui impératif de lutter contre le gaspillage alimentaire. "Il y a une notion importante qu'il faut souligner, à savoir le jour du dépassement. Il marque la date symbolique où les êtres humains sont supposés avoir consommé l'ensemble des ressources renouvelables que la planète est capable de leur prodiguer, en une année.

En 2023, le jour du dépassement a eu lieu le 2 août. A partir du 3 août, l'humanité vit à crédit. Si on continue avec les modes de consommation actuels, nous aurons besoin de 1,7 planète pour pouvoir survivre. Or, nous n'avons pas de plan B, parce qu'on n'a pas d'autres planètes sur lesquelles on peut vivre, il faut lutter contre le gaspillage", a-t-elle précisé.

Et la responsable de conclure : "Nous faisons face à de multiples problèmes sociaux, environnementaux et économiques et la lutte contre le gaspillage alimentaire contribue énormément à la résolution de tous ces problèmes".

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