Mauritanie: Rééquilibrer l'effectif des sage-femmes - Une nécessité pour réduire les décès maternels et néonatals

communiqué de presse

En Mauritanie, malgré les efforts déployés pour améliorer l'accès aux soins de santé maternelle, des défis persistent, notamment dans les zones rurales et reculées. Bien que le taux de mortalité maternelle ait diminué de manière significative entre 2013 et 2020, passant de 582 à 424 pour 100 000 naissances vivantes, il demeure encore très élevé. En 2020, seulement 70 % des accouchements étaient assistés, avec une disparité notable entre les milieux urbains et ruraux

D'après le rapport 2021 sur la pratique des sages-femmes dans le monde, un contingent adéquat de sages-femmes bien formées pourrait potentiellement prévenir près des deux tiers des décès maternels et néonatals. Elles pourraient également assurer jusqu'à 90% des services de santé essentiels dans le domaine de la santé reproductive, maternelle et néonatale.

Les données de la Direction des Ressources Humaines du Ministère de la Santé révèlent que la Mauritanie compte actuellement 1168 sages-femmes. Cependant, la répartition de ces professionnelles par région ne respecte pas encore les normes internationales préconisées par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), engendrant ainsi des disparités significatives. Par exemple, Nouakchott, la capitale, abrite 52 % des sage-femmes, alors que les besoins ne représentent que 28 % de cet effectif. En revanche, la wilaya du Gorgol ne compte que 2 % des sage-femmes, alors que les besoins sont estimés à 9 %.

Face à ces inégalités, l'UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population) travaille en collaboration avec le Ministère de la Santé pour répartir de manière plus équitable ces ressources vitales. Cette initiative inclut le renforcement des écoles de formation en milieu rural, permettant ainsi la formation de sage-femmes issues de ces communautés. Cette démarche vise à accroître le nombre de professionnels de santé qualifiés dans les régions les plus éloignées du pays.

Les sages-femmes en première ligne pour sauver des vies

Selon Mariam Bassoum, sage-femme conseillère Bureau pays UNFPA : "Les sages-femmes ne se contentent pas de dispenser des soins médicaux, elles offrent également un soutien émotionnel et éducatif aux femmes enceintes et à leurs familles. Leurs conseils sur la nutrition, l'allaitement maternel, la planification familiale et les soins post-partum contribuent à améliorer la santé maternelle". Par ailleurs, comme retenu pour le thème de la journée internationale de la sage-femme, cette année "Les sages femmes, sont une solution vitale pour le climat".

Lorsque des catastrophes telles que des événements climatiques ou des conflits se produisent, les sages-femmes sont bien souvent en première ligne pour venir en aide aux femmes et représentent ainsi le moyen le plus efficace d'empêcher les décès maternels évitables. Le renforcement de leur présence partout, particulièrement dans des zones de contexte humanitaire, semble primordiale".

Grâce à leur expertise, les sage-femmes sont souvent en première ligne, les consultations prénatales régulières permettent de détecter des maladies telles que le diabète, l'hypertension, identifier et orienter les victimes de fistules obstétricales pour leur prise en charge.

Le déploiement dans les zones rurales est essentiel pour réduire les décès maternels et néonatals.

Le gouvernement mauritanien, avec le soutien de ses partenaires, a entrepris des actions telles que la décentralisation de la formation des sages-femmes à travers la création d'écoles de santé rurales dans quatre régions du pays. De plus, un programme de mentorat clinique des sages-femmes a été mis en place, permettant la formation de 84 jeunes sages-femmes en compétences essentielles en 2023, ainsi que la formation de 20 encadreurs de stages pratiques et de 40 enseignants d'écoles de santé.

La présence de ces professionnelles de santé dans les communautés, notamment dans les zones rurales, contribue à encourager les femmes à fréquenter les structures de santé et assurer des accouchements plus sûrs et à fournir des soins de qualité.

Aicha Mint Mohamed Yahya, Sage femme à Doueirare, une commune située dans le département d'Aïoun El Atrouss de la région de Hodh El Gharbi témoigne : "J'ai effectué un stage de deux mois dans ce centre (Centre de santé de Doueirare). Durant mon stage, j'ai remarqué un manque d'intérêt pour les périodes de suivi de grossesse chez les femmes.

Elles ne viennent pas pour leur suivi, ce qui entraîne un nombre plus élevé d'accouchements à domicile qu'au niveau du centre de santé. Actuellement, je travaille ici en tant que sage-femme et nous avons observé d'énormes progrès : les femmes commencent à s'intéresser aux contraceptifs et à venir pour leur suivi de grossesse chez nous."

En conclusion, les sages-femmes jouent un rôle essentiel dans la protection de la santé maternelle et néonatale en Mauritanie. Leur déploiement équilibré à travers le pays est essentiel pour garantir un accès équitable aux soins de santé et réduire les disparités régionales en matière de santé maternelle et néonatale.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.