Tunisie: Jour de colère des avocats après l'arrestation de deux d'entre eux

Jour de colère ce 16 mai 2024 en Tunisie où les avocats se sont rassemblés pour exprimer leur colère après l'arrestation de deux des leurs de façon très violente ces derniers jours. Retour sur les raisons de ce mouvement.

Robes et colère noires : les avocats de Tunisie ne décolèrent pas depuis l'arrestation de Sonia Dahmani le 11 mai 2024 par des hommes en cagoules dans l'enceinte même de l'ordre des avocats tunisiens. À la mi-journée, le rassemblement des avocats tunisiens se poursuivait encore aux abords du tribunal de première instance de Tunis. Parmi les slogans scandés, on pouvait entendre « liberté, liberté » et « non à la justice aux ordres ».

L'arrestation très violente de Sonia Dahmani samedi dernier a scandalisé les avocats tunisiens qui répètent que, jamais, l'ordre des avocats n'avait subi un tel assaut, pas même sous la dictature de Ben Ali. Cette phrase revient souvent.

Poursuivie pour des propos ironiques sur l'état actuel du pays, l'avocate était depuis un moment dans le collimateur du pouvoir pour ses chroniques souvent critiques du régime à la radio.

Quarante-huit heures plus tard, c'est un autre avocat, Mehdi Zagrouba qui a été arrêté de la même façon, au même endroit. Quelques heures plus tôt, l'homme s'était accroché avec un policier en marge du mouvement de protestation des avocats.

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Alors qu'il fait désormais l'objet d'un mandat de dépôt, l'avocat suscite l'inquiétude de ses pairs. Selon eux, en pleine audition par le juge d'instruction, Mehdi Zagrouba aurait tour à tour vomi et perdu connaissance du fait d'actes de « torture » qu'il aurait subis depuis son interpellation violente. Son état a nécessité un transfert d'urgence à l'hôpital mercredi soir.

Autant de motifs qui nourrissent aujourd'hui la colère des avocats tunisiens qui ont décidé de s'opposer frontalement, désormais, à l'exécutif qu'ils accusent d'instrumentaliser le pouvoir judiciaire pour faire taire toute voix dissidente.

Vague d'arrestations en Tunisie: le président dénonce une «ingérence étrangère inacceptable» suite à des critiques occidentales Le président de la Tunisie, Kais Saïed, a présenté le 16 mai 2024 comme étant une « ingérence étrangère inacceptable » les inquiétudes exprimées par l'Union européenne (UE), la France et les États-Unis, suite à la vague d'arrestations d'avocats, de journalistes et de figures de la société civile.

Le chef de l'État a ordonné au ministère des Affaires étrangères de « convoquer dès que possible les ambassadeurs d'un certain nombre de pays étrangers » pour leur transmettre sa « vive protestation contre une ingérence flagrante et inacceptable dans nos affaires intérieures ». « Nous ne sommes pas intervenus dans leurs affaires quand ils ont arrêté des manifestants qui dénonçaient la guerre de génocide contre le peuple palestinien », a ajouté Kais Saïed, dans une vidéo diffusée par la présidence tunisienne. Le 14 mai, la France avait par exemple exprimé sa « préoccupation » suite à l'interpellation de Sonia Dahmani dans un « contexte d'autres arrestations et interpellations, notamment de journalistes et membres d'associations ».

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