Ile Maurice: «Pathological errance», un mal à surveiller

C'est Me Anil Gayan, qui a alerté la police de Curepipe, le 5 mai, après qu'il a croisé Sanjay Seebundhun à Trou-aux-Cerfs. «L'homme était hagard et grelottait.» Il faut dire que l'hiver est déjà arrivé sur le plateau central.

Et à Trou-aux- Cerfs, il fait encore plus froid et le temps est pluvieux. «Il était environ 5 h 30 et il faisait toujours nuit», raconte Anil Gayan qui ne rate jamais sa marche matinale autour du cratère, été comme hiver. «J'ai interrompu ma marche en le voyant dans cet état et je me suis approché de lui pour lui parler et lui demander s'il avait besoin d'aide.» Mais Sanjay Seebundhun n'a pas répondu. «J'ai alors essayé de lui parler en bhojpuri mais l'homme est resté muet et immobile.»

L'avocat, qui n'avait pas son téléphone sur lui, a demandé aux rares autres marcheurs à cette heure matinale d'appeler la police. Mais personne n'avait son portable. C'est alors qu'il a alerté la police de Curepipe, qui est venue, peu après, pour récupérer le malheureux qui a poussé son dernier soupir avant son arrivée à l'hôpital

Un autre marcheur indique qu'il a vu Sanjay Seebudhun faire le tour du Trou-aux-Cerfs le 2 mai, puis encore le lendemain, de même que les 4 et 5 mai. «Il est de très petite taille et marchait avec des savates, contrairement aux marcheurs et joggeurs. Cela nous a interpellés, d'autant plus qu'il portait tous ces jours le même t-shirt avec inscrit dessus 'MSM Numéro 9'. Il marchait plus que les autres et ne s'arrêtait que quelques fois mais ne s'asseyait pas. Le samedi 4 mai, un bon samaritain lui a donné son blouson en voyant comment il tremblait de froid. Et dimanche, on l'a retrouvé allongé et immobile dans un drain.»

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Pour Anil Gayan, «il a dû se tromper d'autobus et avoir débarqué à Curepipe». Mais personne ne sait comment et pourquoi il est monté jusqu'au Trou -aux-Cerfs. «Les caméras de Safe City devraient nous renseigner, enfin, espérons-le», déclare un autre marcheur. Il se peut aussi que Sanjay Seebundhun ait marché de Vacoas jusqu'au Trou-aux-Cerfs.

Contacté, le psychiatre Vinod Ramkoosalsingh déclare que contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les médicaments qui font les malades marcher sans s'arrêter mais bien une pathologie nommée pathological errance. Pour lui, une personne qui n'est pas saine d'esprit doit toujours être accompagnée par ses proches afin qu'ils veillent sur lui lors des sorties. «Mais ce sont des agents qui l'auraient embarqué, sans s'inquiéter de son sort une fois à Vacoas. L'hôpital Brown Sequard emmène les malades mentaux à Grand-Bassin ou au caveau du Père Laval par exemple, mais ils sont toujours surveillés de près.»

Sanjay Seebundhun est probablement mort de pneumonie ou d'inanition après avoir erré pendant quatre jours.

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