Après trois années sous état de siège, les groupes armés continuent à sévir dans les provinces de Nord-Kivu et de l'Ituri. Reportage à Bunia.
En République démocratique du Congo, alors que l'état de siège décrété dans les provinces de Nord-Kivu et de l'Ituri dure depuis déjà trois ans, la sécurité ne semble pas s'améliorer.
Dans la province de l'Ituri, les rebelles de la Codéco, la Coopérative pour le développement du Congo, ont pris en otage 17 personnes samedi dernier (11.05), avant d'en exécuter le lendemain une dizaine dans le territoire de Djugu.
Anny Pisi vit à Bunia, le chef-lieu de la province de l'Ituri et comme la plupart des habitants de cette province, elle est usée par la persistance de la violence et l'inefficacité de l'armée congolaise qui gère désormais cette province.
Agée d'une trentaine d'années, Anny Pisi a vécu les trois ans de l'état de siège à Bunia. Elle constate que "les villages sont vidés, regardez à Djugu, à Irumu. On continue à tuer les gens. Il faut qu'ils changent de stratégie. Cela fait trois ans et il y a toujours des tueries dans des villages. Je pleure toute la journée. Je veux que les Ituriens puissent circuler librement dans leur province sans connaître les tueries, sans voir du sang et des cadavres partout".
Des améliorations à Bunia
La situation s'est tout de même améliorée à Bunia qui était, il y a quelques années, encerclée par les groupes armés locaux. En septembre 2020, la milice Codéco était même parvenue à entrer dans la ville.
Toutefois, si les groupes armés ont été repoussés des environs de Bunia, ils restent actifs à l'intérieur de la province.
Mais pour Anny Pisi, l'état de siège a tout de même amélioré certaines choses dans la ville. Désormais, "les routes sont asphaltées, il y a aussi des lumières dans les quartiers. J'ai vu des bureaux construits, nous avons du travail et il y a la sécurité dans la ville. Je trouve qu'on est quand même à l'aise par rapport à avant".
Des campagnes terrorisées
Mais la sécurité dans Bunia ne doit pas faire oublier la situation dans les campagnes. Le 12 mai dernier, une dizaine de personnes prises en otage par les miliciens de la Codéco ont été exécutés à Djugu.
Ces miliciens ont pourtant signé plusieurs accords de paix avec les autorités, dont le dernier date d'avril dernier, conclu avec le ministre congolais de la Défense, Jean-Pierre Bemba.
La société civile de l'Ituri réclame pour sa part un retour rapide à une administration civile, le pouvoir militaire ne s'étant pas montré, selon elle, en mesure d'améliorer la situation sécuritaire en dehors des villes de la province.