Madagascar: Tournée présidentielle - « La loi n'est pas respectée », dénonce l'opposition

Une semaine après l'ouverture officielle de la campagne électorale pour les législatives, le président Andry Rajoelina a commencé sa tournée. Les réactions s'enchaînent, surtout dans le camp de l'opposition.

« Qu'on le veuille ou non, cette tournée aura des influences sur le choix des électeurs aux élections législatives ». Des vives réactions ont suivi la publication de l'agenda présidentiel pour les onze jours précédant le jour du scrutin du 29 mai. Dans le camp de l'opposition, on dénonce une simple stratégie électorale pour faire élire des candidats IRMA (Isika Rehetra Miaraka amin'i Andry Rajoelina) en difficulté. « Comme par hasard, la tournée présidentielle prend fin le 27 mai, dernier jour de la campagne », avance-t-on. Me Hanitra Razafimanantsoa, candidat Firaisankina dans le premier arrondissement de la capitale a même indiqué, hier, durant le Talk Show Miara-Manonja, qu' « il s'agit tout simplement d'une campagne afin de donner un coup de pouce aux candidats du pouvoir ».

Avertissements

« Toute inauguration officielle est interdite pendant la durée de la campagne électorale », précise la loi organique 2018-08, relative au régime général des élections et des référendums, dans son article 61, alinéa 1. Une disposition qui n'est pas respectée par le président en personne, a soutenu Hanitra Razafimanantsoa qui a souligné que « à travers ses actions, Andry Rajoelina prouve qu'il n'est pas le président de tous les Malgaches mais celui de son parti et de ses partisans ». En fait, le même article indique, dans son alinéa 2, qu' « aucune annonce majeure liée à, ou visant à créer une perception favorable envers un parti politique, un candidat ou une liste de candidats ne doit être faite par l'Administration de l'Etat ou des collectivités territoriales décentralisées pendant la période de la campagne électorale ». Face à cette situation, l'opposition interpelle, pour la énième fois, la CENI et la HCC. Florent Rakotoarisoa, président de la HCC, a d'ailleurs déjà soutenu qu' « il n'y aura aucune tolérance envers ceux qui ne respectent pas la loi ». Reste à savoir si ces avertissements sont seulement pour l'opposition.

Infrastructures

En tout cas, comme l'a déjà rappelé la Haute cour constitutionnelle (HCC) dans un communiqué du 8 mai, « toute inauguration officielle est interdite pendant la durée de la campagne électorale », les équipes du président Rajoelina évitent de parler d'inauguration dans leur communication autour de l'événement. Elles avancent surtout des "descentes sur terrain" pour « offrir les infrastructures qui viennent d'être construites et pour réaliser la vision de l'Etat dans l'amélioration de la situation sociale des populations ». Ainsi, des kits solaires, des CSBII, et d'autres infrastructures seront offerts à la population. À Fianarantsoa, des artistes étaient même présents afin d'attirer plus de monde.

Confiance

L'IRMAR fait face à une crise de confiance profonde. « Le président doute-t-il des candidats du pouvoir pour qu'il se sente obligé d'entrer en campagne », s'interroge-t-on. En effet, les déplacements du président se font dans des districts où il y a deux sièges à pourvoir et où des candidats de l'opposition se trouvent menaçants. Il a ainsi commencé ses tournées dans le Vakinankaratra, où le TIM est en bonne position. Ikongo, Ampanihy, Toleara 1 ou encore Ambatofinandrahana se trouvent dans la short-list des districts où le chef de l'Etat effectue ses « descentes ». Des districts où les candidats de l'IRMAR ont à faire respectivement à Jean Brunelle Razafitsiandraofa, ancien IRD et un des leaders du défunt Collectif des candidats, Idealson Keron, ancien IRD qui a rejoint le camp de Siteny Randrianasoloniaiko, lui-même candidat à Toleara 1 et Christine Razanamahasoa, excommuniée récemment de l'IRD et évincée de la présidence de l'Assemblée nationale. Le 27 mai, dernier jour de campagne, Andry Rajoelina compte se rendre à Ambatondrazaka où la liste IRMAR a à faire à Fidèle Razara Pierre. « Qu'il vienne mais qu'on nous laisse tranquille avec notre campagne. Dans le cas contraire, nous n'hésiterons pas, avec nos partisans, à venir en nombre à leur meeting », a prévenu l'élu d'Ambatondrazaka, sur les ondes de l'AZ-Radio, ce mercredi.

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