Congo-Brazzaville: Mode écolo - Les acteurs du secteur au pays s'expriment à cœur ouvert

« Mode durable et couture consciente » était au cœur d'une conférence-débat le 15 mai, à l'Institut français du Congo. S'inscrivant dans le cadre des activités de la 3e édition de la Semaine de la mode « Brazza fashion week », cette rencontre a permis au public de s'imprégner de créations singulières et de parcours inspirants.

Avec les effets de la détérioration de l'environnement qui se font grandement ressentir, le secteur de la mode migre de plus en plus vers ce qu'on qualifierait de « mode écolo et couture consciente ». En réalité, il s'agit d'une approche lucide et respectueuse dans le processus de création de vêtements et d'accessoires de mode. Centrée sur la réduction de l'impact environnemental, la tendance à la mode durable privilégie notamment des pratiques éthiques tout au long de la chaîne de production, incluant, entre autres, l'utilisation de matières premières recyclées, la minimisation de la pollution, la consommation d'eau et enfin le respect des droits des travailleurs.

Gloire Kaeuper Balongana, cofondateur de la marque Thrifty, a pour la circonstance éclairé la lanterne du public sur cette tendance. A travers Thrifty, Gloire et son compagnon Young Grace réutilisent de vieux vêtements pour en faire de nouveaux et ainsi éviter le gaspillage. Leurs matières premières, ils les trouvent dans les friperies, les vides greniers familiaux et amicaux ou via des donations. « Aujourd'hui, nous désirons tous nous procurer de nouveaux vêtements et vouloir en changer au bout de six mois. Si seulement nous avions conscience de combien la création consommait d'énergie et de matériaux, on cessera de se comporter ainsi. C'est dans ce contexte que Thrifty est né et à travers nos créations, on souhaite faire perdurer les vêtements et accessoires en les recyclant et en leur donnant une nouvelle apparence », a-t-il fait savoir durant la conférence.

Un parcours qui se veut une master class

Si Gloire et Young Grace procèdent par le recyclage, la créatrice de bijoux Bréchie Ntadi puise, quant à elle, sa matière première dans l'immensité des richesses naturelles dont regorge le Congo. Sans porter préjudice à la nature, c'est tantôt avec des perles et cauris qu'elle ramasse au bord du fleuve, tantôt du raphia ou encore du bois local, que Bréchie crée ses collections d'accessoires. Une aventure dans laquelle elle s'est lancée de façon hasardeuse. Son parcours qu'elle a conté durant les échanges se veut une véritable master class pour les artisans et créateurs en herbe.

Bréchie ne s'est pas retrouvée au sommet du jour au lendemain. Sollicitée à vendre un bijou qu'elle avait confectionné pour elle-même, la jeune femme se confronte au destin et embrasse l'aventure malgré la précarité financière, la rareté de la matière de base, le manque de compétence et d'expérience dans le domaine. Audacieuse et brave, Bréchie a toqué quand il le fallait certaines portes pour se faire accompagner et exceller. Aujourd'hui, elle rend l'ascenseur en formant également d'autres jeunes, principalement des femmes.

Formée en dessin industriel, Foresth Makosso, également panéliste, peinait à trouver l'emploi après ses études. Refusant d'être inactive, elle décide de se lancer temporairement dans la maroquinerie, le temps de trouver un boulot stable. Ce qui était au départ une aventure s'est transformé en passion puis en profession. « Avec mes parents, cela n'a pas été facile surtout à mes débuts. Quand je customisais que ce soit les chaussures ou les sacs avec du pagne et du raphia, mon père me disait il y a quelque chose qui ne va pas chez toi, comment tu étais à l'école et depuis tu commences à te concentrer sur ça.

Je disais à mon père mais pour le moment, je n'ai pas encore trouvé d'emploi donc jusqu'à ce que j'en trouve, je vais continuer. C'est quelque chose que je n'ai pas forcé, donc je vais suivre ce chemin. Et voilà comment je suis arrivée jusque-là », a déclaré la créatrice congolaise. « Et aujourd'hui, votre père est fier de vous ? », s'est interrogé Aline France Etokabeka, journaliste et modératrice du panel. « Effectivement », a rétorqué Foresth, le sourire aux lèvres.

Au regard de leurs différents parcours, ces créateurs de mode ont souligné la nécessité de la population de consommer davantage les créations écolo afin d'emmener plus d'acteurs de la mode à converger vers la tendance. « J'ai été très émerveillée par les discours des panélistes. A nous public de les accompagner car c'est du génie de parvenir à faire toutes ces créations avec des produits qui semblent insignifiants mais qui au final respectent la nature », s'est réjouie Erica Boboto, une étudiante congolaise.

Pour rappel, la Semaine de la mode se poursuit jusqu'au 25 mai autour des défilés de mode en rue et en salle ainsi qu'une exposition-vente de nouvelles collections de créateurs congolais et étrangers participant à l'événement.

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