Madagascar: Énergie - L'État apure le passif de la Jirama

En tournée à Antsirabe hier, le président Andry Rajoelina a annoncé l'apurement de la dette de la Jirama. Il a révélé que le dernier conseil des ministres a validé la coupe budgétaire au niveau des ministères pour pouvoir payer le passif de l'entreprise, s'élevant à 1 036 milliards d'ariary.

Malade, un mot utilisé par Andry Rajoelina, président de la République, hier, pour qualifier l'état dans lequel se trouve la société nationale d'eau et d'électricité. Une situation connue de tous, mais que le locataire d'Iavoloha a répété à plusieurs reprises, hier, avec dépit. Un dépit causé par une décision du conseil des ministres d'apurer une partie du lourd passif de la Jirama.

À chaque prise de parole au sujet de l'énergie, le chef de l'État rappelle systématiquement la situation déplorable de la Jirama et ses conséquences sur le quotidien des usagers. C'était encore le cas hier, lors de la visite de la centrale agro-photovoltaïque de Sun Farming Madagascar, située dans le Fokontany de Tsaratanàna, dans la commune rurale de Vinaninkarena, dans le district d'Antsirabe II.

«La société est malade», a réitéré à plusieurs reprises le président de la République. Au milieu de son discours, il a révélé la cause de son désappointement. "C'est triste, mais il faut dire la vérité à la population. Lors du dernier conseil des ministres, nous avons dû amputer les budgets d'investissement des ministères au profit de la Jirama. Il fallait donner 1 036 milliards d'ariary à la Jirama, sans quoi, on se serait confronté à de fortes coupures d'électricité», explique-t-il.

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Andry Rajoelina parle d'une décision «crève-coeur». À l'entendre, l'Exécutif a dû se résoudre à accepter une nouvelle fois d'apurer les dettes de la société d'eau et d'électricité afin de ménager les humeurs de la population. Les coupures d'électricité causées par les défaillances techniques ou financières de la Jirama deviennent de plus en plus des sources de tensions sociales. Le délestage ou les pannes engendrent des manifestations spontanées des usagers. Dans certains cas, comme à Toamasina, en mars, elles se transforment en émeutes.

Solutions

Selon le discours du chef de l'État, cette prise en charge du paiement des dettes de la Jirama est la cause, ou du moins, l'une des causes de la coupe budgétaire au niveau des ministères et des institutions qui sera prévue dans le projet de loi de finances rectificative à venir. Sauf changement, il ne s'agit toutefois que d'une partie du passif de l'entreprise vis-à-vis de ses créanciers. À Toamasina et à Tolagnaro, il y a quelques jours, le président de la République a indiqué que la dette de la Jirama s'élève à environ 1 200 milliards d'ariary.

De 2020 à 2022, le passif de la Jirama était presque deux, voire trois fois supérieur à cette somme. À chaque loi de finances, l'État doit prévoir une ligne de crédit pour maintenir à flot cette entreprise. Ces dettes concernent essentiellement des impayés dans l'achat de carburant pour faire tourner les centrales thermiques. Comme l'a souligné le président à Toamasina et à Tolagnaro, "90% de l'électricité dans le pays est encore produite par les centrales thermiques".

Il y a aussi ce que la Jirama doit aux entreprises privées qui lui fournissent de l'électricité, qu'il s'agisse de thermique, d'hydroélectrique ou solaire. Hier, Yves Rakotomanga, directeur général de Sun Farming Madagascar, a confié : «Les centrales comme la nôtre ne peuvent pas se développer si la Jirama n'est pas solide. Si elle n'est pas forte, elle ne pourra pas acheter l'électricité que nous produisons. Et nous ne pourrons pas rentabiliser notre investissement».

Bien que dépité, le chef de l'État ne veut cependant pas se laisser décourager par le marasme dans lequel s'enfonce la Jirama. «Certes, il y a un problème, mais il est du devoir des dirigeants de trouver la solution. Nous allons résoudre ce problème. Nous allons soigner cette maladie», assure-t-il. L'énergie renouvelable est la solution mise en avant par l'administration Rajoelina. À l'instar de la centrale de Vinaninkarena - Antsirabe, la coopération avec le secteur privé accélère la marche vers la transition énergétique.

Le président rappelle également que l'État a investi dans la mise en place de centrales solaires pour quarante-sept districts cette année. «Si nous maintenons cette dynamique, nous pouvons réduire considérablement les dépenses dans l'achat de carburant pour les groupes thermiques d'ici deux ans. Et nous y arriverons», affirme Andry Rajoelina. En parallèle, l'État mise sur une véritable révolution dans la gestion de la Jirama.

Dans un discours à Toamasina, le locataire d'Iavoloha s'est interrogé sur les raisons pour lesquelles la compagnie ne parvient pas à payer ce qu'elle doit à ses fournisseurs, notamment en carburant, «alors qu'elle gagne entre 80 à 100 milliards d'ariary par mois». Hier, il a réitéré que, partant du constat des échecs cuisants des directeurs généraux malgaches qui se sont succédé à la tête de la Jirama, l'État a accepté la proposition de la Banque mondiale de recruter un ressortissant étranger.

«C'est la Banque mondiale, qui plus est, qui prend en charge son salaire de 14 000 dollars par mois», ajoute le président. L'État compte ainsi sur l'Israélien, Ron Weiss, pour réitérer sa performance à la tête de la société d'électricité du Rwanda, en résorbant le mal ou les maux qui gangrènent la Jirama.

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