Depuis plusieurs années, la région de Niono, et les communes aux alentours, dans le centre du Mali sont touchés par un violent conflit armé. En réponse à une augmentation des violences au cours des derniers mois, les équipes de Médecins Sans Frontières ont récemment ouvert un service de chirurgie dans l'hôpital de la ville. Les premiers bénéficiaires sont les femmes et les enfants, qui représentent 69 % des patients opérés.
La petite Kadidia Dembélé, 9 ans, est l'une des victimes directes de la crise sécuritaire qui traverse le nord et le centre du Mali depuis 2012. Fin décembre 2023, lors de l'attaque de son village de Diagui Wèrè, elle reçoit trois balles dans le corps, une dans l'abdomen et deux dans les muscles fessiers. Sa mère est décédée durant l'assaut. Djenaba Kelema, sa tante, l'emmène se faire soigner. « Elle était mourante. Je ne pensais pas qu'elle survivrait, raconte-t-elle. Elle a subi plusieurs interventions. Heureusement, aujourd'hui, ma nièce est sur pied et continue son traitement. »
L'année dernière, la région de Ségou où se situe la ville de Niono a connu de nombreux combats entre l'armée malienne et ses alliés et les groupes armés non étatiques, notamment marqués par l'utilisation d'engins explosifs improvisés. Dans les localités périphériques de Niono en proie aux conflits, les habitants se trouvent parfois dans l'impossibilité de circuler librement, de cultiver leurs champs, de se rendre sur les marchés ou au centre médical.
Début 2024, plusieurs affrontements ont eu lieu autour de la ville de Niono. Les populations sont parfois prises en étau entre les différents groupes armés et ne peuvent pas toujours accéder aux soins de santé. « Lorsque nous avons démarré les activités dans les villages proches de Nampala, dans le cercle de Niono, en 2023, certains patients nous ont dit qu'ils n'avaient pas vu de docteur depuis sept ans », explique Aissami Abdou, coordinatrice des opérations.
Face à l'augmentation des violences, MSF a réhabilité le service de chirurgie de l'hôpital de Niono. Entre le 19 décembre 2023 et le 30 avril 2024, 230 interventions de traumatologie ont été réalisées. Pour les cas liés au conflit, il s'agit principalement de blessures par balle, par arme blanche ou causées par des engins explosifs, et environ 50 % de ces interventions ont été effectuées sur des femmes et des enfants. Les accidents de la voie publique, les brûlures, les accidents domestiques, ou les interventions chirurgicales d'urgence comme les appendicites sont également prises en charge.
Tiefing Traoré, 9 ans, était tombé d'un âne. « Depuis sa chute, il se plaignait de douleurs au bras, raconte sa maman, Kadia Diarra. Nous l'avons soigné à la maison avec des soins traditionnels. Nous avons attendu plusieurs jours en espérant que ça irait mieux. Mais ce délai a causé des complications. Tiefing a été pris en charge au Centre de santé communautaire de Molodo et, par la suite, référé à l'hôpital de Niono où on nous a annoncé qu'il fallait l'amputer de son bras. Avec le temps, sa main et son avant-bras avaient gangrené à la suite d'une fracture de l'humérus. »
Avant la réhabilitation et la construction de la nouvelle unité de chirurgie par MSF, l'hôpital de Niono recevait beaucoup de blessés, notamment par balles, nécessitant une intervention chirurgicale. Ils étaient référés à l'hôpital régional de Ségou faute de moyens. Le nouveau service de chirurgie a une capacité de 23 lits. MSF fournit également des ressources humaines, des médicaments et du matériel biomédical.