Après quelques années de relations mi-figue mi-raisin, le président de la République est de retour à Ikongo. Un déplacement sous le signe de l'accès à l'énergie solaire par le biais du projet "Hazavana ho anao", mais aussi l'installation prochaine d'un parc solaire.
Un accueil triomphal. C'est ce que les habitants d'Ikongo ont réservé à Andry Rajoelina, président de la République, hier. Un come-back, de prime abord, réussi à s'en tenir à l'enthousiasme populaire dès sa descente d'hélicoptère jusqu'à son départ.
Cela fait près de cinq ans que le chef de l'État n'est pas retourné à Ikongo. Une absence qu'il a reconnue à demi-mot dans son discours d'hier. Même durant sa campagne électorale pour briguer un second quinquennat, la circonscription d'Ikongo n'était pas dans le plan de route de l'ancien candidat numéro 3. La raison probable est la rupture avec des notables et les autorités traditionnelles de cette circonscription, dont le député Brunelle Razafintsiandraofa, vice-président de l'Assemblée nationale est la figure de proue.
Andry Rajoelina a été plébiscité par Ikongo lors de la présidentielle de 2019. La friction a démarré lors du processus de scission de Vatovavy et Fitovinany en deux régions distinctes. Au motif d'incompatibilité culturelle et d'antipathie historique, certaines autorités traditionnelles d'Ikongo ont refusé que le district soit inscrit dans la région Fitovinany. Cette résistance n'a cependant pas empêché que le district soit, aujourd'hui, au sein de la région Fitovinany.
C'est durant cette période que le vice-président de la Chambre basse a commencé à diriger des critiques acerbes contre le pouvoir, utilisant l'insécurité alimentaire, l'insécurité rurale et la dégradation de la RN14 comme ses principales munitions. Pourtant, le député Razafintsiandraofa était toujours membre de la famille politique du locataire d'Iavoloha et était considéré comme l'un de ses plus fidèles soutiens.
Énergie solaire
Le point de rupture entre le Président et une partie des dignitaires d'Ikongo, dont le parlementaire, est le drame du 29 août 2022. Une foule réclamant le lynchage de quatre présumés auteurs d'un double homicide s'était ruée à la caserne de la gendarmerie. En réaction, les gendarmes ont ouvert le feu, causant des morts et des blessés. En lice durant la présidentielle de 2023, le député d'Ikongo s'est érigé en opposant du président Rajoelina. C'est toujours sous cette étiquette qu'il est candidat pour briguer un nouveau mandat législatif.
Selon le maire de la commune d'Ikongo, chef-lieu du district, les habitants ont toujours bénéficié des aides sociales de l'État. Des appuis suite à la crise sanitaire et ensuite, en réponse aux conséquences humanitaires des dégâts cycloniques. Des actions qui ont, visiblement, permis d'entretenir le capital sympathie du président de la République auprès des citoyens de cette circonscription. L'accueil qu'elle a réservé à Andry Rajoelina, hier, tend à indiquer que la population d'Ikongo ne lui tient pas rigueur de son absence.
"Ma présence ici démontre qu'Ikongo n'est pas laissé pour compte", assure ainsi le président de la République. "Je ne suis pas venu les mains vides", indique-t-il, par ailleurs, sur sa page Facebook. À l'instar des autres localités qu'il a visitées durant ce road-show dans le Sud, le locataire d'Iavoloha a amené dans son escarcelle les kits solaires. La distribution de ces équipements solaires aux ménages raccordés au réseau interconnecté de la Jirama a démarré, hier, dans cette circonscription.
L'accès à l'éclairage et à l'énergie solaire a justement été le fil d'Ariane de la visite présidentielle à Ikongo. Andry Rajoelina a profité de ces retrouvailles avec les habitants pour leur faire part de l'installation, "avant la fin de l'année", d'une centrale solaire dans le district. Cette circonscription est parmi les quarante-sept localités qui seront dotées d'un parc solaire. Les équipements y afférents ont été réceptionnés par le locataire d'Iavoloha au port de Toamasina, en mars. Leur installation est programmée jusqu'en décembre.
L'électricité à Ikongo est produite par un groupe thermique. En raison de la dégradation de la Route nationale 14 (RN14), qui va d'Ifanadiana à Ikongo, il y a souvent des retards dans l'approvisionnement en carburant. En conséquence, les coupures de courant sont fréquentes. Le projet de centrales solaires initié par l'État vise alors à en finir avec les groupes thermiques et les coupures infernales d'électricité.
"Je suis ici pour vous faire part de vive voix des projets que nous allons mener. Nous allons sortir Ikongo de l'obscurité. Nous allons apporter la lumière", déclare le chef de l'État. Il y a, du reste, un point incontournable lorsqu'il s'agit d'Ikongo.
Il s'agit de l'état cahoteux de la RN14. Le président de la République a ainsi réaffirmé que "la réhabilitation de cette route est impérative". Il ajoute que, "tout ce dont je vous fais part ici, sera concrétisé avant la fin de mon mandat".
