Sénégal: Mise en place d'unités de transformation des déchets, recentrage des activités et des fonds de la SONAGED - Le nouveau régime «s'attaque» à Mbeubeuss

Le ministre de l'Urbanisation, des Collectivités territoriales et de l'aménagement Balla Moussa Fofana a effectué une visite de travail hier, vendredi 17 mai 2024, à la décharge de Mbeubeuss.

A l'occasion de cette visite, le ministre a annoncé la mise en place des unités techniques, mécaniques de transformation des déchets. M. Fofana s'est aussi préoccupé de la problématique de 12% de décaissement sur 3 ans pour une enveloppe de 206 milliards de F Cfa dont bénéficie le projet Sonaged. Autres préoccupations du ministre, ce sont les conditions de travail des hommes et des femmes dans cette décharge de Mbeubeuss mais également le travail des enfants.

« Aujourd'hui, nous avons effectué une visite de terrain surtout de travail. Depuis notre prise de service, nous avons pris le temps de regarder les données d'analyse du projet, voir l'ensemble des enjeux et des défis. Mais c'était important de venir aujourd'hui sur le terrain pour rencontrer l'équipe sur place et voir la réalité du terrain. Parce qu'au-delà des chiffres, la réalité sur le terrain est assez édifiante.

Ce que nous constatons, c'est que nous avons cette décharge de Mbeubeuss qui reste véritablement une exploitation très traditionnelle, parce qu'on a des récupérateurs qui font un travail extraordinaire mais très difficile. Nous avons trouvé quasiment 3 000 personnes qui exercent dans cette décharge sur 106 hectares », a déclaré Balla Moussa Fofana.

Poursuivant ses propos, le ministre ajoutera : « Pourtant, ce qui me préoccupe, c'est que le projet qui a été lancé notamment PROMOGED pour gérer cette décharge bénéficie d'une enveloppe de 206 milliards mais qui n'a été utilisée qu'au niveau de 12%. Ce qui est problématique sur 3 ans alors qu'on connait l'urgence de la situation. Mbeubeuss, il faut le dire et on ne le répétera jamais assez, c'est une bombe économique.

C'est une situation qui ne peut continuer. Aujourd'hui, la vision de l'Etat Sénégal, c'est de mettre en place des unités techniques, mécaniques qui vont pouvoir traiter ces déchets, les valoriser de manière sécuritaire et réduire l'impact sur l'environnement. La raison est qu'aujourd'hui, nous avons des riverains qui souffrent énormément de cette situation », a fait savoir le ministre Fofana.

Raison suffisante pour déclarer qu' « aujourd'hui toutes les préoccupations que nous avions sur le papier se sont confirmées sur le terrain. Mais ça n'empêche en rien le courage et la détermination des hommes et des femmes que nous avons trouvés ici et qui font un travail extraordinaire. C'est plutôt le modèle qui préoccupe, le temps que l'on met , 3ans pour décaisser 12% sur une enveloppe de plus de 200 milliards, c'est problématique.

Alors notre mission et notre objectif aujourd'hui, c'est d'inverser cette tendance et de focaliser notre action sur l'installation d'unités qui vont pouvoir véritablement traiter un volume assez important et pouvoir sortir Mbeubeuss et les riverains de cette situation. C'est ça aujourd'hui notre approche », a dit le ministre. Dans la foulée, il relèvera : « Nous avons eu des discussions avec nos partenaires techniques qui ont compris notre détermination et accepté de continuer à travailler avec nous malgré le constat quand même problématique de 12% de décaissement sur 3 ans, ce qui n'est pas normal. Ainsi, c'est une nouvelle dynamique qui s'enclenche avec des hommes et des femmes que nous connaissons déterminés.

On a trouvé ici des récupérateurs, alors j'aimerais lancer un message pour leur dire qu'ils ne sont pas un problème. Au contraire, la récupération qu'ils sont en train de faire a un impact sur le volume. Mais l'avenir pour nous, c'est des métiers beaucoup plus modernes, dans des unités industrielles de gestion et de transformation des déchets. C'est ce que on leur souhaite parce qu'on s'entend bien », a lancé Balla Moussa Fofana.

HALTE AU TRAVAIL DES ENFANTS A MBEUBEUSS

Par contre, a dit le ministre de l'Urbanisation « les conditions dans lesquelles les gens travaillent ici ne peuvent pas continuer parce que ça nuit à la santé des hommes et des femmes qui y travaillent. Je me pose des questions sur leur espérance de vie, sur leurs conditions de vie. Je vois des enfants et d'ailleurs sur l'une des décisions que nous allons prendre, on ne peut plus tolérer la présence des enfants dans cette décharge.

Et ça j'espère ceux qui dirigent ce centre de Mbeubeuss ont pris note assez clairement. On ne peut plus autoriser les enfants à travailler dans cet endroit. C'est pourquoi, on a beaucoup investi dans les systèmes d'éclairage, dans la sécurité et des hommes et des femmes s'occupent de la sécurité. Donc ce qui y a lieu aujourd'hui, c'est de faire en sorte que les enfants ne puissent plus avoir accès à cette zone.

Parce que ce n'est pas acceptable car Mbeubeuss n'est pas la place pour un enfant de 5, 10, 15 ans. Ce n'est pas sa place. Il y a des enjeux de sécurité surtout de santé public pour un adulte qui fait ce métier de récupérateur. On peut le comprendre mais pour des enfants, je pense que c'est quelque chose qu'on ne peut pas laisser continuer. Aussi, nous avons constaté la présence des animaux qui trainent dans la décharge. C'est aussi des choses qu'on peut adresser rapidement en attendant maintenant de nous focaliser sur l'essentiel. Au-delà, le plus important à retenir, c'est que notre option, c'est d'aller vers un véritable traitement des déchets pour les valoriser ».

VERS LA TRANSFORMATION DES DECHETS EN COMBUSTIBLES SOLIDES, EN ENGRAIS POUR L'AGRICULTURE ET EN PAVAGE

Par ailleurs, annonce M Fofana, « Cela fait 5 semaines que nous sommes en place. Alors ce que je peux vous dire, c'est qu'on a déjà sur la table des offres de partenaires techniques et financiers, des partenaires qui nous présentent un procédé qui existe depuis 20, 40 et 50 ans, qui déjà fait ses preuves et qui permet de transformer les déchets en combustibles solides, en engrais pour l'agriculture et en pavage.

Voilà une option qu'on est en train d'étudier, rien n'est encore décidé. Une fois qu'ils auront fait leur offre, qu'on aura étudié les impacts du point de l'environnement et dans la dimension sociale, nous allons pouvoir voir quel est le meilleur partenaire. Parce qu'aujourd'hui, la valorisation des déchets permet l'investissement par des partenaires techniques et financiers.

En plus, nous avons 200 milliards sur la table qui n'ont pas été utilisés parce que justement le modèle d'approche était plus centré sur comment rendre viable, accessible ce site plutôt que de faire le focus sur les unités qui vont transformer en volume les déchets ». Pour conclure, révèle le ministre, « le projet n'est pas arrêté, il est en cours. Donc c'est à mi-parcours, il y avait les évaluations dernièrement. Ce que nous voulons faire, c'est recentrer les activités. C'est une urgence, on a déjà commencé à travailler sur cette question et d'ici très peu de temps, je pense que nous verrons des changements assez conséquents sur l'approche».

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