Mali: Délibéré attendu dans le procès du parti Sadi

Le délibéré dans le procès en dissolution du parti Sadi (Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance) est attendu ce lundi 20 mai 2024. Ce parti est l'un des plus anciens du Mali, fondé il y a 28 ans par Oumar Mariko, une figure du mouvement de contestation qui avait mis fin au régime militaire du général Moussa Traoré au début des années 1990. Ce sont justement des propos tenus par Oumar Mariko qui ont suscité cette démarche judiciaire : les autorités de transition estiment que le chef du parti Sadi a « porté atteinte aux institutions. »

Oumar Mariko avait, dans un message posté sur les réseaux sociaux en novembre 2023, qualifié de « crimes de guerre » les exactions attribuées à l'armée malienne. Il avait également dénoncé la reprise des combats contre les groupes armés du Nord signataires de l'accord de paix de 2015.

Oumar Mariko jugeait et juge toujours « inutile » cette guerre contre les rebelles majoritairement indépendantistes du CSP, qui avaient accepté de rester dans le giron malien en signant l'accord de paix. Accord rompu officiellement depuis par Bamako, qui considère à présent ces groupes comme « terroristes » et a pris possession de leur fief de Kidal.

Le chef du Sadi avait enfin écrit une lettre au président de la Turquie : estimant que les drones turcs faisaient trop de morts parmi les civils maliens, il demandait à Recep Tayyip Erdogan de cesser d'en vendre au Mali. Sans succès, mais avec à la clef une procédure judiciaire, intentée par le gouvernement de transition pour « atteinte au crédit des institutions. » La procédure ne cible pas seulement l'auteur de ces actes et propos, Oumar Mariko, mais vise la dissolution de son parti.

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Le Sadi revendique actuellement une quinzaine de municipalités et plusieurs centaines de conseillers municipaux dans le pays, ainsi que des députés élus à l'Assemblée nationale malienne sans interruption depuis 2002. En dehors de la période de transition actuelle, l'Assemblée ayant été remplacée par un Conseil national de transition.

En 2023, un autre parti d'opposition, le PSDA, a officiellement été dissout - une procédure d'appel est en cours -. C'est également le cas de plusieurs associations, comme l'Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance ou encore l'association Kaoural Renouveau. Le mois dernier, les autorités maliennes de transition ont carrément suspendu les activités de tous les partis politiques et des associations à caractère politique.

Étienne Fakaba Sissoko sera-t-il condamné ou relaxé ?

Un autre délibéré est attendu ce lundi dans le procès d'Étienne Fakaba Sissoko, jugé notamment pour « atteinte au crédit de l'État » après avoir publié un livre il y a six mois sur « la propagande » du gouvernement malien de transition. Cet économiste malien, également membre du parti Parena, est en prison depuis le 25 mars 2024, il a été jugé le 6 mai 2024. Son avocat, Maître Ibrahim Marouf Sacko, a demandé sa relaxe pure et simple et se dit confiant. « Il n'est pas coupable. Etienne Fakaba Sissoko n'a comis aucun acte infractionnel, aucun, affirme Maître Ibrahim Marouf Sissoko. De tout ce qui lui est reproché, rien n'a été prouvé. Le fondement de la prévention, c'était la diffusion de fausses nouvelles mensongèrement attribuées à des tiers. Or, tous ceux qui étaient dans la salle d'audience [le jour du procès, il y a deux semaines, ndlr] ont constaté qu'aucun faux n'a été démontré. Tout ce qu'Etienne Fakaba Sissoko a écrit dans son livre, c'est de notoriété publique. Ce sont des faits palpables, qui sont vérifiables, que les Maliens croisent, entendent ou voient tous les jours ! Et nous en avons fait la démonstration à la barre, nous avons même produit des documents qui prouvent que ce qu'il dit, c'est vrai. »

Le simple fait qu'il qualifie de « propagande » la communication du gouvernement malien de transition ne peut-il pas suffire à le faire condamner ? « En droit, non, tranche l'avocat. C'est ce que nous avons demandé au juge : de finalement dire le droit en son âme et conscience. Les magistrats aujourd'hui ont un sérieux pouvoir. À certains moments de l'histoire de notre pays, ils diront le droit et rien que le droit. Et nous pensons que nous serons entendus. »

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