La justice kényane examine ce lundi 20 mai l'appel de Meta contre la compétence des tribunaux locaux dans des procédures intentées par des modérateurs de contenus de Facebook pour l'Afrique de l'Est et du Sud. Cent quatre-vingt-quatre d'entre eux avaient porté plainte pour dénoncer des conditions de travail indignes et des licenciements abusifs. Explications.
Au Kenya, Meta doit faire appel ce 20 mai 2024 de deux décisions de justice qui concernent sa filiale Facebook. Les deux affaires remontent à l'année dernière et concernent les modérateurs du réseau social pour l'Afrique de l'Est et du Sud, dont les bureaux sont à Nairobi.
« C'est une guerre des nerfs qui va se jouer », commente une source proche des parties civiles. Depuis le début des poursuites, Meta tente de se soustraire à la justice kényane.
« Meta espère sans doute épuiser les ressources des modérateurs »
Les modérateurs du réseau social au Kenya sont salariés de Sama, un sous-traitant de Facebook. Par conséquent, Meta, la maison-mère, considère que sa filiale n'est pas liée aux plaignants par un quelconque contrat.
Par deux fois pourtant, le tribunal du travail de Nairobi en a jugé différemment. En attendant un procès sur le fond, il a suspendu les licenciements des modérateurs kényans qui continuent donc de percevoir leur salaire.
À quoi bon alors dérouler de nouveau aujourd'hui le même argumentaire en appel ? « Meta en a les moyens tout simplement », explique une source proche des avocats des plaignants. « En faisant durer la procédure, le géant américain espère sans doute épuiser les ressources des modérateurs », poursuit-elle.
Au total, 184 d'entre eux ont porté plainte contre Facebook. Ils demandent également des compensations pour les dommages causés à leur santé mentale : de 2019 à 2023, ces modérateurs devaient nettoyer le réseau social des contenus violents, injurieux ou répréhensibles.