Mali: Etat malien # Oumar Mariko - Quand la justice tente de se racheter

analyse

Non, le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance (SADI) de Oumar Mariko, ne sera pas dissous. Ainsi en a décidé la Justice malienne qui déboute, du même coup, le gouvernement de la transition.

En effet, l'affaire remonte à décembre 2023. Les autorités de la transition estimant qu'Oumar Mariko a « porté atteinte aux institutions » de la République, avaient saisi la Justice aux fins de dissoudre son parti qu'est le SADI porté sur les fonts baptismaux en 1996 par feu Alpha Oumar Konaré. Mais finalement, elles n'ont pas été suivies par la Justice qui en a décidé autrement.

De quoi apporter du baume au coeur de Mariko qui a vite franchi le pas en parlant de « victoire pour la démocratie ». Mieux, il a profité de l'occasion pour rendre hommage à la Justice de son pays qui a dit le droit. « Ça veut dire que pour la Justice malienne, il y a encore de l'espoir. Il y a des hommes et des femmes qui sont résolus à dire le droit et à se battre pour l'indépendance de la magistrature. (...) En fait, on cherchait la petite bête », a-t-il laissé entendre sitôt après le délibéré du Tribunal de la commune IV de Bamako.

On ne peut que saluer le courage du juge qui a osé dire non au locataire du palais de Koulouba

En tout cas, quand on sait que, généralement, la Justice, sous nos tropiques, est connue pour être aux ordres du prince régnant et qu'au Mali, toute contestation de la volonté du président Assimi Goïta, est considérée comme un crime de lèse-majesté, on ne peut que saluer le courage du juge qui a osé dire non au locataire du palais de Koulouba. C'est tout simplement audacieux.

On se rappelle, en effet, la décision, pour le moins étonnante de la Cour constitutionnelle qui, saisie à l'effet de se prononcer sur la vacance du pouvoir au Mali, avait préféré s'en laver les mains en se déclarant incompétente. Toute chose qui avait contribué à ternir davantage l'image de la Justice malienne qui, à travers le verdict rendu dans l'affaire qui opposait l'Etat au président du SADI, tente de rattraper ce qui peut l'être encore.

Cela dit, il se pose tout de même des questions : la junte militaire au pouvoir va-t-elle se plier à la décision du juge ? Va-t-elle laisser exercer le leader du SADI dont les prises de position, on le sait, sont très critiques au point qu'il a été contraint à l'exil ?

On attend de voir. Surtout quand on sait que Goïta et ses frères d'armes, depuis leur arrivée au pouvoir et excipant de la crise sécuritaire qui prévaut dans le pays, travaillent à faire taire toute voix critique. D'où la mesure suspendant les activités des partis politiques et des organisations de la société civile, en vigueur depuis plusieurs mois.

B.O

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