Gabon: Vous avez dit grève de la faim ?

C'est une information qui fait jaser ces temps-ci au Gabon. Alors qu'il semblait avoir été relégué au second plan de l'actualité, l'ancien président Ali Bongo refait parler de lui.

La semaine dernière, le désormais ex-homme fort du pays et deux de ses fils, Jalil et Bilal, ont entamé une grève de la faim pour protester contre la « séquestration » et les « actes de torture » dont plusieurs membres de leur famille seraient victimes. L'annonce a été faite par leurs avocats, à un moment où nombre de Gabonais ne s'attendaient pas à un tel scénario. Ceux-ci évoquent, entre autres, des actes de torture (coups de marteau, étranglements et électrocutions au taser...) sur le fils de l'ancien président, Noureddine et l'épouse d'Ali, Sylvia, tous deux en détention.

Aussi l'assignation à résidence des grévistes de la faim a-t-elle été évoquée par leurs conseils qui, par ailleurs, disent avoir déposé plainte devant le tribunal de Paris, pour des actes de barbarie, des arrestations illégales et des tortures présumées. Dans l'esprit d'Ali Bongo et de ses proches, leur famille ne saurait être persécutée, après que son père et lui aient dirigé le pays pendant plus de 50 ans.

Il n'en fallait pas plus pour provoquer l'ire de la société civile et du gouvernement de transition gabonais, pour les moins scandalisés. L'exécutif gabonais, dirigé par le général de brigade, Brice Oligui Nguema, n'exclut d'ailleurs pas d'ester en justice les auteurs de ces « dénonciations calomnieuses et mensongères ».

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S'il n'a pas « digéré » le putsch du 30 août 2023, qui l'a éloigné de force du pouvoir, l'ancien président veut le meilleur pour lui et ses proches, la possibilité pour lui de rebondir étant quasi-inexistante. Les Gabonais ont manifestement tourné la page de la dynastie de Bongo et attendent qu'elle rende des comptes devant l'histoire.

Après tout, le clan Bongo est par dans l'opinion, comme celui qui a pillé et souillé le pays sans état d'âme. Dans un tel contexte, la grève de la faim d'Ali et ses fils fait l'objet de raillerie, certains Gabonais considérant que ce sont des larmes de crocodile.

C'est l'histoire du bourreau qui joue à la victime, croient savoir certains observateurs. De toute évidence, la grève de la faim d'Ali Bongo apparait délicate, voire dangereuse pour sa personne déjà fragilisée par un Accident vasculaire cérébral (AVC). Ses médecins ont beau veiller au grain, son état de santé ne s'accommode pas avec une telle grève. Hormis cette triste réalité, on se demande si ce mouvement d'humeur va porter fruits, vu les griefs qui pèsent sur les Bongo.

Cette grève de la faim va-t-elle conduire à une libération de personnes censées être torturées ? L'ex-Première dame est accusée de « blanchiment de capitaux » et Noureddin, inculpé pour « corruption » et « détournements de fonds publics ». Ces faits sont jugés extrêmement graves, pour que les accusés soient relâchés à la suite d'une grève de la faim. Ce n'est pas évident. Pis, Ali Bongo qui n'est pas véritablement inquiété depuis sa chute, pourrait compliquer sa situation.

Ayant estimé qu'il était manipulé par son entourage, les nouveaux maitres du pays l'ont apparemment mis hors de cause, mais la donne pourrait changer. Le gal Nguema et ses affidés pourraient voir autrement Ali Bongo qui était pourtant bien parti pour bénéficier du statut de Haut représentant, comme le Dialogue national inclusif l'a préconisé pour les anciens chefs d'Etat. L'ex-chef de l'Etat ne s'est-il pas fait de la mauvaise publicité ?

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