Au Mali, l'économiste Étienne Fakaba Sissoko a été condamné ce 20 mai 2024 à Bamako à 2 ans de prison dont 1 an ferme et à payer des dommages et intérêts à l'État de 3 millions de francs CFA, soit environ 4 570 euros. Il était jugé notamment pour « atteinte au crédit de l'État » après avoir publié un livre il y a six mois sur « la propagande » du gouvernement malien de transition.
Devant le tribunal de la commune 4 de Bamako, Maître Marouf Sacko est sidéré. Sidéré par la sévérité de la peine qui vient d'être prononcée à l'encontre de son client. Deux ans de prison et un an de sursis, le ministère public n'en demandait pas tant. Une preuve de l'acharnement contre Étienne Fakaba Sissoko, selon son avocat, et une atteinte à la liberté d'expression.
« Tout ce qui est rapporté dans son livre, ce sont des faits qui sont de notoriété publique, et tous les Maliens peuvent le constater sur les réseaux sociaux. Nous dénonçons cet acharnement-là et les poursuites périodiques qui ont lieu contre Étienne Fakaba Sissoko. La première fois, c'était lorsque les sanctions de la Cédéao tombaient et cette fois-ci c'est à la faveur de la fin de la transition. À chaque fois, il faut le faire taire. »
Dans ses écrits et ses prises de parole, l'économiste Étienne Fakaba Sissoko, également membre du parti Parena, pourfend certaines actions du régime militaire avec la méthodologie de l'enseignant chercheur qu'il est. C'est précisément ce qui dérange au plus haut point, selon un analyste de la vie politique malienne. Malgré sa détention depuis le 25 mars 2024, son conseil le dit serein et affirme qu'il supporte sa condition avec dignité. Et pour qu'Étienne Fakaba Sissoko recouvre la liberté dans les meilleurs délais, Maître Marouf Sacko annonce qu'il fera appel de ce jugement.