Au Tchad, le Parti socialiste sans frontières (PSF) espère reprendre prochainement ses activités politiques, et organiser un hommage, en juin, à Yaya Dillo. La formation a perdu son chef le 28 février 2024, lorsqu'il a été tué dans un assaut militaire de grande ampleur contre son quartier général dans le centre de Ndjamena. Le parti a dénoncé un « assassinat ». Les autorités ont répondu qu'il y avait eu échange de tirs. Après plusieurs semaines de deuil, le PSF compte se faire à nouveau entendre malgré les pressions et les menaces que ses membres disent subir.
Robert Gamb s'excuse de la poussière qui recouvre les quelques meubles de la maison de Chagoua que le PSF retrouve après la destruction de son siège. Après des semaines à faire profil bas, le secrétaire général du parti, toujours très affecté, a commencé à rouvrir la porte : « Malgré les menaces, nous sommes encore là et, aujourd'hui, les gens nous appellent de partout pour nous apporter leur soutien. »
« Des menaces empêchent beaucoup de militants de se rassembler »
Robert Gamb déplore des menaces et des pressions qui continuent et qui ont jusque-là empêché le PSF de déposer une plainte pour la mort de son président : « Parfois, ce sont des messages. Parfois, ce sont des audios qui sont envoyés, parfois ce sont des appels, des numéros inconnus et on leur dit : "Si vous continuez avec ces gens, si vous n'arrêtez pas, vous allez voir..." Et donc ce sont ces menaces-là qui empêchent beaucoup de militants de se rassembler et de faire leur activité. »
Dimanche soir, au lendemain de notre entrevue, des hommes l'agressent devant son domicile. Son fils s'interpose. Touché par deux coups de couteau, il est depuis à l'hôpital.
Par ailleurs, 24 membres du parti, également membres de la famille de Yaya Dillo, sont emprisonnés au bagne de Koro Toro depuis les événements de fin février. Ils font l'objet de poursuites judiciaires.