Selon la Banque mondiale, Toliara est l'une des villes les plus pauvres de la Grande île avec un taux de pauvreté estimé à 81%. Et pourtant, il s'agit de la capitale d'une des régions les plus riches en ressources naturelles, au pays, qu'est l'Atsimo Andrefana.
Une situation contradictoire qui a toujours interpellé les notables et les associations de cette région, lesquels en appellent aux responsables publics pour prendre toutes les dispositions qui s'imposent pour mettre fin à cette pauvreté extrême. L'appel aux grands investisseurs figure parmi les solutions susceptibles de briser le joug de la pauvreté.
Sous investissement chronique
Dans son document cadre de partenariat pour 2023 - 2027 Madagascar, la Banque mondiale indique notamment que la partie Sud du pays, comprenant les régions Anosy, Androy et Atsimo Andrefana, enregistre la plus forte concentration de pauvreté, avec une estimation de 91% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté.
Réputée pour être un « cimetière des projets » et historiquement laissé pour compte, le Sud de Madagascar souffre particulièrement aujourd'hui d'une insécurité nourrie par le banditisme, l'anarchie et la prolifération des milices. L'institution de Bretton Woods explique cette situation par un sous-investissement chronique qui a conduit la région à prendre du retard par rapport au reste du pays.
« Les moyens de subsistance se limitent principalement à l'agriculture et à la pêche de subsistance, insuffisants pour fournir du travail à tous et vulnérables aux chocs naturels répétés, notamment la sécheresse. En plus d'une sécheresse pluriannuelle qui amplifie les impacts, la pandémie de Covid-19 avait également mis à rude épreuve les moyens de subsistance et le développement humain et a accru la dépendance à l'égard de l'aide humanitaire ». Et pourtant, le Sud regorge de richesses naturelles, notamment minières qui ne demandent qu'à être exploitées d'une manière rationnelle afin de renverser la donne de la pauvreté extrême.
Précaires
Sur le terrain, cette pauvreté extrême est constamment évoquée par les notables et associations. À l'instar du président de la Plateforme « Hanavotra an'i Toliara » (HATO), Erody Dignot confirme que les conditions d'existence déjà précaires de la population du Sud ne cessent de se dégrader.
« On assiste à une stagnation, voire une baisse du revenu des ménages, la situation sociale est très difficile, car la population fait notamment face à une hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité », indique le jeune homme en ajoutant que « dans les zones rurales, la crise sévit également en raison de la baisse de la productivité et du rendement dans le secteur agricole, de l'élevage et de la pêche ».
Comme tout le monde, il constate également avec tristesse, le manque d'emplois qui oblige les jeunes à se tourner vers la délinquance. Et pourtant, comme le constate Motata, président de plusieurs associations, dont l'Association des tireurs de cyclo-pousses à Toliara, l'association des transporteurs FIPITO et du VFMT (Plateforme regroupant environ 64 associations pour le développement de Toliara), ce ne sont pas les ressources exploitables qui manquent dans le Sud, notamment à Toliara. « Au contraire, ce sont les potentiels de Toliara qui incitent les migrants à venir y vivre », soutient-il.
Vivier d'entreprises
En somme, l'une des solutions pour faire face à cette pauvreté extrême est la création d'emplois. Une initiative qui ne sera pas difficile à mener puisque Toliara peut disposer d'un vivier d'entreprises créatrices d'emplois. « Il suffit de relancer les activités des sociétés qui avaient existé et de faciliter l'implantation de nouveaux investisseurs capables de contribuer au développement de la région ».
Une manière de dire qu'il est plus que jamais temps d'exploiter à fond le potentiel du Grand Sud qui a toutes ses chances de devenir un pôle de développement régional et même national. Erody Dignot, le président de la plateforme HATO estime pour sa part que l'implantation d'un grand investisseur minier de la taille de Base Toliara constitue une des solutions rapides pour lutter contre le chômage à Toliara.