Afrique: Massacres à Gaza - La CPI obtiendra-t-elle le scalp de Netanyahu ?

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu (G), et le chef du mouvement islamiste palestinien, Yahya Sinwar (D)

Des mandats d'arrêt ! C'est la demande exprimée le 20 mai dernier par le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) contre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, son ministre de la Défense, Yoav Gallant et des dirigeants du Hamas pour des faits de « crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés commis en Israël et dans la bande de Gaza ».

Une demande qui n'est pas loin d'être perçue comme un crime de lèse-majesté par le chef du gouvernement hébreu qui n'a pas mis du temps à réagir et est monté sur ses grands chevaux pour l'assimiler à un acte de « nouvel antisémitisme ».

Une rengaine maintes fois serinée et aujourd'hui désuète, dont on se demande si elle réussira à le sortir du collimateur de la justice internationale qui, dans sa volonté de « faire justice aux victimes des atrocités en Israël et en Palestine », a jugé utile de couper la poire en deux, en demandant les mêmes mandats d'arrêt contre trois chefs du mouvement islamiste palestinien. En l'occurrence Yahya Sinouar, Ismaël Haliyeh et Mohamed Deif. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette demande de mandat d'arrêt contre le Premier ministre israélien connu pour être le « protégé » de Washington, est déjà un pas qui ne manque pas d'audace.

Le tout n'est pas de lancer un mandat d'arrêt

Et si l'objectif du successeur de Fatou Bensouda, est de montrer que le dirigeant israélien n'est pas intouchable, on peut dire qu'il a frappé un grand coup, avec cette demande tonitruante. La question qui se pose, à présent, est de savoir si Karim Khan obtiendra le scalp du chef du gouvernement israélien. La question est d'autant plus fondée qu'entre la demande du procureur de la CPI qu'il est, et l'émission du mandat d'arrêt contre le Premier ministre israélien, il y a comme du Capitole à la roche tarpéienne.

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On est d'autant plus porté à le croire qu'en plus de qualifier la demande du procureur général de la CPI de « honteuse » et « scandaleuse », le président américain, Joe Biden, ne s'est pas embarrassé de circonlocutions pour apporter son soutien au dirigeant israélien dont il rejette fermement la demande d'arrestation. Son Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, Antony Blinken, ne s'inscrit pas dans une autre dynamique quand il estime que la demande du procureur « pourrait compromettre » les pourparlers sur le cessez-le-feu à Gaza.

C'est dire si au-delà des motifs invoqués par le procureur de la CPI, l'obtention d'un mandat d'arrêt contre Benyamin Netanyahu est loin d'être gagnée d'avance. C'est dire aussi si entre négociations diplomatiques, pressions politiques voire menaces à peine voilées, la tâche ne s'annonce pas facile pour les juges chargés de déterminer si les conditions de délivrance des mandats d'arrêt sont réunies. Et puis, le tout n'est pas de lancer un mandat d'arrêt. E

ncore faudrait-il avoir la collaboration de tous les pays, pour son exécution. En attendant, l'action du procureur de la CPI à l'encontre de l'iconique Premier ministre israélien, sonne comme un avertissement sans frais pour tous les dirigeants du monde en général et les dirigeants africains en particulier qui, au faite de leur gloire, se rendent souvent coupables des pires atrocités quand ils ne s'arrogent pas le droit de vie et de mort sur leurs compatriotes.

Benyamin Netanyahu doit désormais savoir où mettre les pieds

Et même si à l'étape actuelle des choses, la requête de l'avocat britannique ne semble pas a priori de nature à troubler outre mesure le sommeil du Premier ministre israélien, elle n'en demeure pas moins un geste fort de la part du procureur de la CPI qui s'est déjà illustré, dans un passé assez récent, par l'émission d'un mandat d'arrêt contre le président russe, Vladimir Poutine. Et ce, dans ce qui apparaît désormais comme une volonté de traiter sans discrimination, d'où qu'elles viennent, toutes les atteintes aux droits humains, si ce n'est de défier les puissants de ce monde.

De quoi rabattre le caquet à tous les détracteurs de la Cour de La Haye qui l'accusaient, à tort ou à raison, de s'acharner uniquement sur les dirigeants africains. En tout état de cause, en attendant de voir la suite de cette requête, Benyamin Netanyahu doit désormais savoir où mettre les pieds. Au-delà, la question qui se pose est de savoir si l'action du procureur de la CPI va amener les protagonistes à mettre de l'eau dans leur vin ou bien si elle va au contraire contribuer à exacerber les tensions et à intensifier les combats.

En rappel, la présente guerre a été déclenchée par l'attaque audacieuse et sans précédent du 7 octobre 2023, en territoire israélien, par le Hamas qui a fait près de 1200 morts et plus de 250 otages dont la moitié est toujours en détention à Gaza. En réaction, Israël qui croit avoir trouvé l'occasion d'en finir une fois pour toutes avec le mouvement islamiste palestinien, s'est lancé dans une offensive destructrice qui a fait plus de 35 000 morts.

Et demain n'est manifestement pas la veille de la fin des hostilités. C'est pourquoi il importe de voir l'action du procureur de la CPI, sous un nouveau jour. Car, dans cette procédure judiciaire, tout porte à croire qu'au-delà de la question du conflit au Proche-Orient, c'est la légitimité de la Justice pénale internationale et sa capacité à se poser en arbitre impartial qui sont en jeu.

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