Afrique: Haïti - Le mal des gangs

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En Haïti, la violence est devenue un fait banal. Ce pays des Caraïbes de plus de 11 millions d'habitants connait une insécurité sans précédent, alimentée par l'activité de plus d'une quinzaine de gangs criminels bien implantés.

Assassinats, enlèvements, exactions de toutes sortes, la guerre des gangs fait rage à Port-au-Prince, la capitale et dans d'autres localités, plongeant les populations dans une peur généralisée. Les dégâts humains et matériels sont tels que l'avenir de Haïti est très préoccupant. Plus de 8 400 victimes de la violence des gangs (personnes tuées, blessées ou kidnappées) ont été enregistrées en 2023 par le Bureau des Nations unies en Haïti ().

La situation n'est guère meilleure depuis le début de 2024. Dans le premier trimestre de l'année en cours, à en croire des chiffres fournis par l'Organisation des Nations unies (ONU), 2 500 personnes ont été tuées ou blessées à la suite des attaques de gangs. Courant mars dernier, des gangs s'en sont pris à des édifices publics (postes de police, prisons, lycées ...), avec ce que cela comporte comme conséquences sur la bonne marche de la société haïtienne. Selon toujours l'ONU, 362 000 personnes, dont la moitié serait des enfants, ont fui leurs domiciles. Les armes crépitent sans cesse à Haïti, un pays où les habitants ne savent plus où mettre la tête, au risque de se faire tuer.

Face à cette escalade de la violence entretenue par les gangs, la communauté internationale, sous le couvert de l'ONU, a approuvé, en octobre dernier, la mie en place et le déploiement de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS) en Haïti. Cette initiative, financée par les Etats-Unis, vise à mettre fin à la violence des gangs. Elle devrait être déployée dans quelques semaines, à suivre certains médias occidentaux, après plusieurs mois de retard. Le Kenya devrait assurer la direction de la MMSS, avec l'appui de plusieurs pays, dont le Bénin prêt à contribuer avec 2 000 soldats.

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Le triste constat étant que les forces de sécurité haïtiennes n'ont pas les capacités d'en venir à bout des gangs, des tonnes d'espoir reposent sur la mission de soutien à la sécurité. Mais encore faut-il attendre de la voir à l'oeuvre, pour juger de son efficacité et de l'opportunité de la pérenniser ou pas. Le problème des gangs, établi depuis des décennies en Haïti, dépasse le simple cadre de l'usage de la force pour le faire taire à jamais.

Il faut s'attaquer aux complicités entre les gangs et les autorités politiques et judiciaires. « Les gangs armés ont été utilisés comme socle par celles et ceux qui veulent atteindre le pouvoir pour entrer dans certains quartiers défavorisés », a récemment affirmé l'avocate et militante féministe haïtienne, Rosy Auguste Ducena. Certains gangs réclament d'ailleurs le départ de Ariel Henry, le Premier ministre qui dirige le gouvernement par intérim, depuis l'assassinat du président haïtien, Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021. N'expriment-ils pas la volonté de gros bonnets tapis dans l'ombre ? L'existence des gangs en Haïti a des implications politiques qu'il ne faut pas négliger dans la recherche de solutions à l'insécurité.

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