Une tournée présidentielle remarquée en pleine campagne des élections législatives, prévues le 29 mai prochain. Depuis une semaine, le chef de l'État Andry Rajoelina multiplie les descentes sur le terrain en province. Plus d'une trentaine de districts visités en quelques jours. Ces rencontres avec la population sont l'occasion pour le président de faire des distributions mais aussi de « présenter » des infrastructures neuves. Et ce en dépit des textes qui l'interdisent et imposent la neutralité des représentants de l'État en période de campagne électorale.
Durant son périple débuté dans les Hautes Terres centrales, jusqu'au Grand Sud de l'île, le président Andry Rajoelina ne s'est pas contenté de distribuer des kits solaires aux ménages vulnérables ou encore des certificats fonciers.
Des dizaines d'infrastructures ont été « officiellement remises » à la population comme à Antsirabe, troisième ville du pays et fief du parti d'opposition TIM. Ce jeudi 16 mai, le chef de l'État a présenté une cité universitaire flambant neuve. Une inauguration qui tait son nom, formellement interdite par l'article 61 de la loi relative au régime général des élections en période de campagne. Les candidats d'opposition à la députation s'en insurgent.
Serge Zafimahova, analyse politique, y voit de son côté un soutien clair aux candidats du pouvoir là où l'opposition pourrait l'emporter. « À partir du moment où il incite les gens à faire le bon choix pour que les futurs élus puissent travailler avec lui, on appelle ça de la propagande [Ndlr, faire campagne], donc c'est interdit. De ce fait, la Céni et la HCC doivent prendre des mesures face à ce qui est en train de se passer parce que là, on est en pleine dérive d'autoritarisme. »
Lors de sa descente sur le terrain à Antsirabe, Andry Rajoelina a multiplié, sans jamais l'évoquer clairement, les allusions au contexte des élections législatives. « Nous devons nous séparer de ceux qui entravent le développement », lancent-ils à la population. Et d'inviter les habitants d'autres localités visitées à « ouvrir leur coeur » et « à lui prouver leur amour ».
Sollicitée par RFI, Lova Ranoromaro, porte-parole du président, assure que ces « remises d'infrastructures » ont toujours été faites dans le strict respect de la loi. Durant celles-ci, « il n'y a eu ni coupure de ruban ni présence de candidats [du pouvoir aux élections législatives] » justifie-t-elle. Il s'agit simplement, dit-elle, « d'honorer les promesses faites à la population. »