Washington — Plusieurs personnalités éminentes du corps diplomatique africain, des représentants du Département d'État américain et d'autres mandataires politiques, représentants de la société civile, des ONG et de think tanks influents se sont donnés rendez-vous, ce mardi à l'ambassade du Maroc à Washington, dans le cadre des célébrations de la journée de l'Afrique.
Les différentes parties à cette rencontre ont croisé leurs idées et analyses durant un panel de haut niveau organisé sous le thème "Éducation : un enjeu d'unité, de cohérence et d'inclusion".
Modérées par l'ambassadeur du Maroc aux Etats-Unis, Youssef Amrani, ces discussions ont fait écho aux priorités actuelles de l'Union africaine (UA) pour l'année 2024, offrant l'occasion d'un échange appuyé et énergique autour des sujets les plus pressants pour la présidence de l'organisation continentale, actuellement assumée par la Mauritanie.
Intervenant à l'ouverture de cette rencontre, M. Amrani a souligné que "l'éducation est le coeur battant d'une Afrique qui avance dans le sens du progrès inclusif et de la prospérité partagée", tout en rappelant dans ses propos liminaires que "la jeunesse, la femme et l'éducation constituent des priorités jumelées qui échafaudent l'architecture des orientations stratégiques du Royaume, tant en interne que dans la conduite de notre politique étrangère".
M. Amrani a soutenu que "le prisme de l'unité est le curseur par lequel le Maroc, sous le leadership de Sa Majesté le Roi, met continuellement en synergie ses efforts nationaux et ses engagements africains pour parvenir, particulièrement dans le domaine de l'éducation, à des modes opératoires continentaux plus coordonnés, inclusifs et solidaires".
Il s'est réjoui de voir les pays frères et amis africains converger, main dans la main, autour d'une ambition partagée qui se structure autour d'une conviction qu'il estime fondatrice : "l'avenir se construit ensemble, par une coopération continuellement plus dense qui associe en bonne intelligence, les capacités intrinsèquement africaines à l'élan de nos partenariats internationaux, comme celui que nous avons avec les États-Unis".
Invitée à prendre la parole, l'ambassadeur de l'UA à Washington, Hilda Suka-Mafudze, s'est pour sa part félicitée d'une telle initiative, rappelant que "le débat inclusif et le partage d'idées sont les moteurs de la construction africaine".
Relevant l'importance d'une approche concertée pour aborder les défis et opportunités de l'éducation en Afrique de manière transversale, la diplomate a fait écho aux priorités de l'UA en se focalisant sur la nécessité de renforcer les investissements là où les besoins sont les plus pressants.
Des appréciations largement partagées par les panélistes, notamment l'ambassadeur du Rwanda, vice-doyen du corps diplomatique, l'ambassadeur de Mauritanie, dont le pays assure la présidence actuelle de l'UA, et les directeurs, vice-directeurs et chercheurs des think tanks américains de renom tels que le "Carnegie Endowment for International Peace", "Education Development Center" et "Prosper Africa".
L'ambassadeur de Mauritanie, Cissé Mint Cheikh Ould Boide, a souligné les opportunités croissantes de coopération sur le continent africain, notant qu'"une voix africaine émerge, gagnant en poids et en influence politique, notamment avec la perspective du prochain siège de l'Afrique au sein du G20".
L'ambassadeur du Rwanda, Mathilde Mukantabana, s'est focalisée sur une perspective nationale, se référant au modèle rwandais pour montrer comment l'histoire et l'éducation peuvent faire progresser une nation vers une unité nécessaire.
Daniel Swift, coordinateur adjoint de Prosper Africa, a cité, pour sa part, le président américain, Joe Biden, en soulignant que les États-Unis accordent une importance particulière à la diversification des chaînes d'approvisionnement et à l'investissement en Afrique.
Il a soutenu dans ce sens que l'éducation est un angle fondamental dans cette stratégie transversale, citant l'exemple de la coopération avec le Maroc comme un modèle à reproduire à l'échelle continentale.
La représentante du centre de recherche Carnegie, Zainab Usman, a, quant à elle, souligné que la progression de l'Afrique doit prendre en considération trois transformations majeures : la révolution numérique, les enjeux climatiques pour repenser l'actuel système économique, ainsi que le nexus commerce et géopolitique.
Enfin, la représentante de l'EDC à Washington, Nada Berrada, a noté que les enjeux climatiques affectent de manière alarmante la construction africaine, notamment dans le domaine de l'éducation.
De nouvelles compétences sont nécessaires pour accompagner nos nouvelles économies, a-t-elle dit, soulignant que "l'économie verte est une nécessité et une opportunité, exigeant des compétences spécifiques pour construire ensemble un schéma d'intégration cohérent".
Les intervenants ont convenu de l'importance de générer un débat de fond capable de contribuer aux priorités de l'Union africaine pour l'année 2024, mettant en avant une série de conclusions qui convergent sur la nécessité pour l'Afrique de prendre en main sa destinée, pour parvenir à une autonomie renforcée de son système éducatif, tout en saisissant les élans de croissance qui émanent de ses partenariats internationaux, comme celui avec les États-Unis.