Au titre de l'année 2022, la balance commerciale du Sénégal a enregistré un déficit historique de 3.010,1 milliards contre 1.662,5 milliards un an plus tôt, soit une progression de 81,1% expliquée par l'impact des chocs exogènes sur l'économie sénégalaise.
Selon la Bceao, ainsi, le niveau du déficit commercial a plus que doublé par rapport à la moyenne enregistrée au cours des quinze (15) dernières années (1.398,0 milliards).
En effet, l'accroissement du déficit commercial est imputable essentiellement à la progression des cours mondiaux des matières premières, en relation avec les tensions observées sur ce marché et celui des produits énergétiques, consécutives au conflit russo-ukrainien. En particulier, les prix des cours du brent ont augmenté de 46,7% pour se situer à plus de 96,3 dollars US en moyenne annuelle. Suivant la même tendance, les prix internationaux des céréales (blé, maïs, etc.) ainsi que ceux des fertilisants chimiques ont enregistré des hausses sensibles en 2022. La redynamisation du commerce international (+3,0% en volume) a, en outre, conduit à une accélération des importations et des exportations du Sénégal respectivement de 43,2% et 22,5% en 2022.
Selon la Bceao, l'examen de l'orientation géographique du déficit commercial montre que la hausse des prix des matières premières, notamment du pétrole, a été préjudiciable pour l'économie sénégalaise. En particulier, la sensibilité du déficit commercial au prix du pétrole s'est exacerbée.
En effet, comparé à l'année 2012, où un niveau similaire de prix du baril de pétrole a été observé, le solde commercial déficitaire a quasiment doublé, du fait de l'augmentation de la demande en produits pétroliers, les quantités importées étant passées de 1,9 millions de tonnes à 5,3 millions de tonnes. Par conséquent, la balance commerciale du Sénégal vis-à-vis du continent européen, son premier fournisseur, s'est dégradée, après l'amélioration observée en 2021 (-1.720,5 milliards contre -1.811,0 milliards en 2020), pour se situer à -2.236,1 Mds en 2022.
De même, les déficits commerciaux vis-à-vis des partenaires asiatique (1.297,7 milliards contre 681,7 milliards) et américain (369,5 milliards contre 206,3 milliards) se sont accrus, au moment où, l'excédent vis-à-vis du continent africain, son premier client, (673,8 milliards contre 812,1 milliards) s'est affaibli. Dans ce registre, l'amélioration tendancielle des indicateurs du commerce extérieur observé depuis 2016, particulièrement le taux de couverture des importations par les exportations (64,7% en 2021 contre 53,2% en 2018), s'est inversée en 2022. Il est ressorti en retrait de 9,4 points de pourcentage pour s'établir à 55,3%, en deçà de la moyenne des dix (10) dernières années (56,9%).
En outre, le déficit commercial rapporté au Pib s'est accru de 6,5 points pour se chiffrer à 17,4% du PIB en 2022. Cette évolution est imputable à une plus forte progression des importations rapportées au Pib (+8,2 points ; 39,0% du Pib) alors que le ratio exportations/Pib s'est inscrit en hausse de 1,5 point pour se situer à 21,6%.