Tunisie: Dynamique de genre et autonomisation économique - L'intégration du genre s'impose

Le Centre des femmes arabes pour la formation et la recherche (Cawtar) se préoccupe sérieusement de la façon d'agir pour que les femmes ne soient plus victimes davantage que les hommes et puissent devenir des actrices bénéficiaires à part entière.

Quatre ONG, à savoir l'UFM, Prima, GWP-Med et Cawtar ont participé la semaine écoulée à un webinaire intitulé : «Dynamique de genre et Nexus Wefe en Méditerranée : focus sur l'autonomisation économique grâce à une approche centrée sur l'entreprise». Cette séance interactive a discuté avec plus de 65 parties prenantes des défis et opportunités de «genre» dans le cadre Wefe Nexus. Les participants ont reconnu que le développement durable et l'égalité des sexes sont étroitement liés.

Droit d'accès à préserver

La 5e édition du Forum méditerranéen de l'eau a servi de plateforme centrale pour répondre aux défis complexes posés par la pénurie d'eau dans la région. Un moment fort du forum a été l'organisation réussie d'un événement parallèle axé spécifiquement sur l'interaction du genre, dans le cadre «Water-Energy-Food-Ecosystems (Wefe) Nexus», soit Eau-Énergie-Alimentation-Ecosystèmes, organisé par l'Union pour la Méditerranée (UpM), Cawtar, ainsi que d'autres partenaires internationaux. A cet effet, ils ont tous plaidé en faveur d'une approche transformatrice en matière de genre dans la formulation des politiques et de processus de prise de décision à différents niveaux.

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Certes, la région méditerranéenne, riche de patrimoine culturel et artistique, est reconnue comme le berceau de diverses civilisations et cultures. Inspiré du concept Medusa Nexus, qui remet en question les notions conventionnelles de pouvoir et les rôles de genre, l'art peut servir d'outil puissant pour catalyser la transformation sociétale. A travers les peintures artistiques et portraits modernes, le concept Medusa Nexus offre une plateforme pour défier des systèmes patriarcaux et promouvoir l'inclusion et la diversité pour garantir le succès du Wefe.

Au lendemain de ce Forum méditerranéen de l'eau, visant à agir sur ces recommandations, il est de plus en plus évident qu'un mécanisme spécifique devrait être mis en place pour promouvoir l'égalité des sexes au sein du Wefe Nexus. Ce mécanisme devrait impliquer les intérêts et activités des entreprises dans la gestion et la gouvernance de l'eau, de l'énergie, de l'alimentation et écosystèmes, encapsulant une approche Wefe Nexus centrée sur l'entreprise.

Leur expertise dans l'optimisation de l'eau, de l'énergie et de l'alimentation des ressources au niveau des ménages et dans les champs peut être inestimable lorsqu'elle est appliquée aux entreprises dans les opérations au sein du Wefe Nexus.

Ainsi, Mme Soukaina Bouraoui, directrice exécutive de Cawtar, a rappelé la nécessité d'utiliser l'approche genre dans toutes les questions et les problématiques liées au développement durable ou l'économie circulaire, quand elle reprend une expression philosophique : «Il faut prendre le sable dans le complexe et prendre le complexe dans le sable». Par conséquent, une approche centrée sur les entreprises du Wefe Nexus peut, alors, incorporer l'égalité des sexes dans les objectifs de développement durable et donc vers la stabilité régionale, prospérité et paix.

Nexus, un concept novateur et fédérateur

Et Mme Bouraoui de poursuivre au sujet de la manière d'aborder le Nexus : « Si on prend élément par élément, cela paraît plus facile à entreprendre. La sécurité alimentaire par exemple, on croyait que l'expérience de famine vécue en Ethiopie des années 1960 n'allait pas toucher le monde. On s'est rendu compte que l'eau n'est pas gratuite, mais un don de Dieu. On fait de l'agriculture pour manger, tant et si bien que 70% des ressources hydrauliques allaient vers l'agriculture et 70% de l'agriculture vers l'élevage bovin et le lait.

Mais la période de consommation s'est transformée en une période de surconsommation. Depuis que l'eau est devenue rare, on sait que pour l'avoir, il faut de l'énergie et plusieurs éléments y afférents.

Même l'énergie est devenue chère. L'interconnexion de l'énergie, de l'eau et de la nourriture est indéniable. Cependant, la gestion de l'eau, l'alimentation, l'énergie et les écosystèmes restent majoritairement un domaine dominé par les hommes. Pour changer ce paradigme, l'intégration du genre s'impose comme principal outil pour atteindre l'égalité des sexes. Aller au-delà et éradiquer les stéréotypes et les préjugés de genre semble nécessaire à un changement de paradigme et, à terme, un changement culturel et comportemental dans le monde.

Le concept de développement durable revêt un aspect économique. Après 1992, cela n'a pas marché. «Dans le droit fil de l'environnement, je n'ai jamais utilisé le Nexus et il faut donc une approche systémique, sans recourir au droit du sol ou au droit de l'espace. Pour rappel, ce sont les scientifiques qui ont inventé le concept Nexus.

L'interdépendance qui lie tous ces facteurs est primordiale : eau, énergie, ressources dans l'écosystème et on ajoute les êtres humains dans le Nexus, avec la santé, étant donné que l'agriculture est très grande consommatrice d'eau», a-t-elle indiqué. Cawtar se préoccupe sérieusement de la façon d'agir pour que les femmes ne soient plus victimes davantage que les hommes et puissent devenir des actrices bénéficiaires à part entière.

«Il faut que les femmes bénéficient plus pour faire mieux et coopèrent plus et mieux avec les hommes», insiste Mme Bouraoui. Du reste, elle vient de souligner, en conclusion, que le Nexus ne touche pas que les ressources naturelles, mais aussi les êtres humains dont les femmes».

Ainsi, plusieurs invités ont été pris à témoin.

Amel Mekni, jeune entrepreneure et bénéficiaire du programme d'innovation agricole pour les femmes de la zone Méditerranée InnovAgroWoMed de Cawtar, s'est livrée à son expérience enrichissante de préparation du fromage dans le gouvernorat de Béja avec la meilleure qualité, chose rendue possible après avoir amélioré ses softskills dans le domaine.

La plupart des femmes se sentent affranchies du blocage et de l'enfermement de la maison, du mari et des enfants pour se consacrer au travail, ce qui a impacté positivement leur quotidien, à tel point que leurs projets ont pu générer des emplois. Une autre bénéficiaire du même programme, Siwar Kouki, a raconté comment elle a franchi le pas pour se former et financer son projet agricole. Après avoir arrêté leurs études, Souhir Ayari et Karima Moussi, deux femmes agricoles, ont retrouvé espoir grâce à ce programme d'innovation.

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