Sur le thème « Urgence », la 4e édition des Rencontres internationales de la photographie d'auteur de Brazzaville, « Kokutan'art », a levé ses rideaux le 21 mai à l'Institut français du Congo (IFC) par la performance éblouissante « Vibration au rythme écologique », déployée sur scène par le groupe de percussion Fantastique.
Près de 45 minutes durant lesquelles le public a voyagé comme dans un conte ayant pour personnage principal la nature. Elle qui autrefois était étincelante, joviale et pleine de ressource, se voit vidée de sa beauté et de sa richesse par des humains égoïstes et imprudents, sachant que la survie de la planète dépend fortement de son bien-être.
Pour exprimer ce désarroi, percussion, musique, narration, danse et même costumes ont livré dans une symphonie orchestrée par Jules Ferry Moussoki, en duo avec Fantastique, une performance remarquable mettant à nu les conséquences de la destruction de la planète, à l'instar de la pollution de l'air, de l'eau et du sol ; du réchauffement climatique ; de la désertification ... Autant de maux qui guettent l'humain et dont il serait urgent de s'en préoccuper.
« L'Union européenne, qui a fait de ce thème un axe majeur de partenariat avec le Congo, est particulièrement fière de vous accompagner dans cette édition... Nous devons tous porter cette responsabilité de lutte afin de faire en sorte que nos erreurs et les conséquences parfois irrémédiables qu'elles entraînent ne puissent plus se répéter... J'appelle à plus d'actions et d'engagements de partenaires institutionnels ou privés, des médias et de la société en général, et des pouvoirs publics en particulier afin qu'au-delà de ces événements annuels et éventuels, soient mises en place des véritables politiques et actions durables », a indiqué Giacomo Durazzo, ambassadeur, chef de la délégation de l'Union européenne au Congo.
La photographie comme arme de sensibilisation
A l'occasion du lancement de la 4e édition du festival Kokutan'art, une exposition photographique a été dévoilée au public dans le hall de l'IFC. Intitulée « Urgence » et ouverte jusqu'au 21 juin, elle donne à voir les oeuvres de quatre artistes talentueux, à savoir Baudouin Mouanda, Robert Nzaou et Mirna Kitombo du Congo, Franchesca Bel du Congo en provenance de France, John Kalapo du Mali et Boubakar Touré Mandemory du Sénégal.
Dans un élan d'esthétisme romantique, « Puddle hunting » de Robert Nzaou suggère l'insalubrité comme un prétexte. Autre exposition marginale, « Parachronisme » de Franchesca Bel, qui, entre prévoyance et hasard, plonge le spectateur dans le tournis de ce qui pourrait advenir. « Chronique » de Boubakar Touré Mandemory est sans doute la plus identifiable des marges, en ce qu'elle pose un regard sur les indigents, ceux qui subsistent avec peine, comme le témoignent les photos des adolescents dans les quartiers défavorisés. Cette perception poétique et photographique se veut aussi auto-dérisoire et une sorte de thérapie pour une terre qui est chère à l'artiste.
Chacun, à travers son objectif, peint des regards nuancés sur les immondices et les déchets plastiques ainsi que leur impact sur l'environnement. « Les phénomènes climatiques comme les érosions et les inondations ne sont pas écartés. A tous les niveaux, émerge un blâme : celui de l'action négligente et dévastatrice de l'homme. Au demeurant, cet ensemble est un livre ouvert sur une société dont l'idée du progrès porte le germe de son autodestruction et des inégalités. Peut-être faut-il davantage rêver plutôt que penser. Peut-être mieux vaut-il s'émerveiller d'un futur possible plutôt que de ratiociner sur un futur inéluctable », a fait état Emeraude Kouka, critique, écrivain, conseiller aux Arts et aux Lettres au ministère de l'Industrie culturelle, artistique, touristique et des Loisirs.
Pour Zed Lebon, directeur du festival Kokutan'art et responsable de la plateforme photographique Mbongui art photo, cette ouverture n'était qu'une première étape et c'est un véritable ouf de soulagement d'avoir passé le cap. « Je me réjouis de la réussite de l'ouverture du festival. Cela n'a pas été facile de travailler sous pression avec le désir de faire mieux que les éditions précédentes. Les vraies choses peuvent à présent commencer. J'invite le public à venir nombreux pour bénéficier des interventions des artistes qui participent cette année à Kokutan'art », a-t-il déclaré.
Le festival poursuit donc son périple jusqu'au 24 mai, notamment à travers des animations culturelles et performances, un vernissage aux ateliers Sahm et des conférences à la faculté des Lettres, Arts et Sciences humaines de l'Université Marien-Ngouabi et, enfin, une balade touristique. La programmation détaillée est disponible sur la page Facebook de l'évènement et l'accès au public est libre.