Du 23 au 26 mai 2024, le président béninois, Patrice Talon, est en visite officielle au Brésil. Dans sa délégation, figurent des ministres dont ceux des Finances, des Affaires étrangères, de l'Agriculture et de la Culture.
Plusieurs étapes sont au menu de cette visite officielle qui commencera à Brazilia, la capitale du pays du roi Pelé, où le locataire du palais de la Marina aura un tête-à-tête avec son homologue brésilien, Luiz Inacio Lula Da Silva revenu au pouvoir en 2022 et qui connaît le Bénin pour y avoir effectué une visite en 2013.
Au menu des échanges, la coopération bilatérale, notamment dans les domaines économique, de l'éducation, des infrastructures, de la construction et de l'agriculture, avec à la clé la signature d'accords de partenariats entre les deux pays. Un déjeuner en l'honneur de l'hôte du jour, réunissant des membres du gouvernement et des représentants du monde économique brésilien, conclura la visite du président béninois chez le locataire du palais Planalto.
Les deux pays partagent en commun un riche patrimoine historique et culturel
Ensuite, le chef de l'Etat béninois se rendra à Salvador de Baia, l'ancienne capitale du Brésil qui se particularise par la forte communauté noire qui compose sa population, avant de se rendre dans la ville coloniale de Sao Luis dont le lien avec le Bénin, tient au passage de la mère du roi Ghezo, neuvième roi d'Abomey, dans cette ville brésilienne où elle a fondé un couvent vaudou après qu'elle a été vendue comme esclave.
C'est dire toute la dimension diplomatique mais aussi mémorielle de cette visite au pas de course qu'entame le numéro un béninois en terre brésilienne, et dont le peuple béninois est en droit d'en attendre des retombées. D'autant plus que le Brésil qui fait partie des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), est un pays émergent qui peut être une source d'inspiration pour de nombreux Etats africains.
Surtout au moment où ce regroupement de pays en développement qui prônent la multipolarité avec, entre autres, pour objectif de réformer la gouvernance mondiale, se veut une force qui suscite l'intérêt grandissant de nouvelles nations. C'est dire aussi toute l'importance et l'intérêt de cette visite d'amitié et de travail de Patrice Talon en terre brésilienne, qui traduit aussi le signe de l'excellence des relations entre les deux pays qui partagent en commun un riche patrimoine historique et culturel.
C'est le cas du Vaudou, du nom de cette pratique ancestrale qui passe pour une religion animiste tirant ses origines du Bénin et qui est pratiquée au Brésil et sous d'autres cieux en Amérique latine où des esclaves en provenance d'Afrique de l'Ouest ont été déportés. Et aujourd'hui encore, se tient annuellement au Bénin, la fête du Vaudou qui est célébrée chaque 10 janvier, et qui rassemble bon an mal an de milliers d'adeptes et de touristes provenant de divers horizons, notamment du Brésil, d'Haïti, des Etats-Unis ou encore du Mexique où il fait partie du patrimoine culturel des populations qui le pratiquent.
La visite du président béninois au Brésil pourrait appeler celle d'autres dirigeants africains
Toujours est-il que ce n'est pas un hasard si le nouvel ambassadeur du pays de Patrice Talon a présenté ses lettres de créances au chef de l'Etat brésilien le 22 mai dernier, soit à la veille de la visite du locataire du palais de la Marina, après la récente réouverture de l'ambassade du Bénin au Brésil. A tout le moins, cela traduit la volonté de Cotonou, de renforcer ses liens de coopération avec Brazilia.
Et c'est de bonne guerre dans ce contexte où la tendance des pays africains est à la diversification des partenariats. Quant au Brésil, c'est une visite qui lui est d'autant plus profitable que c'est la première d'un chef d'Etat africain depuis le retour du président Lula au pouvoir dans les conditions que l'on sait, en ce qu'elle traduit une volonté d'ouverture de ce pays d'Amérique latine sur le continent noir, après l'intermède de son prédécesseur d'extrême droite, Jair Bolsonaro, qui accordait peu d'intérêt au continent noir où il n'a d'ailleurs jamais daigné se rendre durant tout son mandat.
C'est dire si la visite du président béninois au Brésil pourrait appeler celle d'autres dirigeants africains. Et que le retour de Lula au pouvoir pour un troisième mandat, pourrait ouvrir une nouvelle ère dans les relations entre Brazilia et les capitales africaines dont le chef de l'Etat brésilien a déjà visité plus d'une vingtaine, en plusieurs sorties sur le continent noir depuis 2003.