Le chronomètre du processus de retrait définitif de l'Alliance des Etats du Sahel (AES) de la CEDEAO, selon le délai règlementaire de l'institution sous-régionale, tourne.
Dans environ 7 mois, le Burkina Faso, le Mali et le Niger devraient être considérés comme les « ex » de l'organisation régionale ouest-africaine. En tout cas, pour les régimes au pouvoir dans les trois Etats, le vin est déjà tiré. Il ne reste plus qu'à le boire. Reviendront-ils sur leurs pas ? Probablement pas. Pendant ce temps, et du côté de la CEDEAO, aucune initiative ne semble de trop pour tenter de ramener la troïka à la « maison ».
En effet, le parlement de la CEDEAO a décidé, le 21 mai dernier, lors de l'ouverture de sa 2e session extraordinaire, de la mise en place d'un comité ah hoc de médiation pour travailler avec toutes les parties prenantes en vue de convaincre l'AES de ne pas larguer les amarres. Cette annonce du parlement fait suite à l'appel lancé par le président de la Commission de la CEDEAO pour que tout soit mis en oeuvre pour éviter les départs des trois Etats de l'espace CEDEAO.
A ces initiatives, l'on peut adjoindre l'invite du Conseil des sages de la CEDEAO aux pays de l'AES, aux fins de reconsidérer leur position « dans l'intérêt de l'unité de la communauté, de la cohésion, de l'intérêt général de leurs populations et de l'intégration régionale ». Ainsi que la médiation sollicitée auprès des nouvelles autorités sénégalaises pour faire changer d'avis l'AES !
Il faut se féliciter des initiatives tendant à préserver l'unité et la survie de la CEDAO
Pourquoi cette insistance de la CEDEAO pour conserver des membres qui ne se sentent plus concernés par les principes d'intégration sous-régionale dont elle est porteuse ?L'on se doit d'admettre qu'un départ de l'AES de la CEDEAO, représente une énorme perte, sous divers angles, pour l'instance sous-régionale. Autant dire qu'un départ du Burkina, du Mali et du Niger de la CEDEAO, affaiblit énormément l'organisation.
Et puis, la CEDEAO a cette responsabilité historique de prendre encore l'initiative d'un dialogue avec l'AES dans l'espoir de préserver et renforcer les acquis de l'intégration en Afrique de l'Ouest. Pour autant, la CEDEAO sera-t-elle entendue par les militaires au pouvoir dans l'AES ? L'organisation sous-régionale est-elle dans une mission impossible quand on connait la détermination des pays du Sahel à aller au bout de leur projet et même, à l'élargir à d'autres ? L'AES, désormais dans le giron russe, acceptera-t-elle de faire machine-arrière ? Il faut attendre que le temps livre son verdict.
Mais déjà, il y a lieu de féliciter des initiatives tendant à préserver l'unité et la survie de la CEDAO. Quoi qu'il en soit, la CEDEAO ne devrait considérer, avant tout, que les intérêts des peuples. Dans cette dynamique, elle se doit d'avoir l'humilité de reconnaitre qu'elle a commis des erreurs qui l'ont plongée aujourd'hui dans une zone de turbulences et en tirer toutes les leçons.