Madagascar: Amnesty International - Des préoccupations sur les droits humains au pays

L'ONG Amnesty International a dressé un bilan mitigé de la situation des droits humains en 2023 à Madagascar. Un rapport dans ce sens a été publié en avril dernier.

Dans son rapport sur la situation des droits humains en 2023, Amnesty International est revenu sur des inquiétudes sur le respect des libertés fondamentales à Madagascar, particulièrement pendant la période préélectorale de l'année dernière. L'organisation a, en effet, critiqué les mesures restrictives mises en place par les autorités qui ont « empêché » les partis d'opposition de mener librement leurs activités de campagne contre la tenue de l'élection présidentielle de novembre dernier.

Normes internationales

Le rapport d'Amnesty International a également évoqué la décision du ministère de l'Intérieur qui a annoncé, l'année dernière, que l'interdiction des réunions politiques en dehors des endroits clos et que toute manifestation publique, avant l'élection de novembre dernier, nécessitait une autorisation, conformément à l'ordonnance n° 60-082 du 13 août 1960.

Amnesty International a souligné que cette ordonnance, appliquée tout au long de la campagne de l'élection présidentielle, « n'était pas conforme aux normes internationales relatives au droit de réunion pacifique ». Entre le 10 octobre et le 16 novembre dernier, couvrant la période de la campagne électorale pour l'élection présidentielle, au moins 20 violations des droits à la liberté d'expression et de réunion pacifique ont été documentées, toujours selon ce rapport de Amnesty International qui est paru en avril dernier.

HCDH

Le rapport d'Amnesty International met également en lumière « l'utilisation abusive du droit pénal par les autorités pour arrêter, placer en détention ou menacer des personnes exprimant des opinions différentes de celles du pouvoir en place ». Dans ce sens, le document d'Amnesty International est aussi revenu sur les préoccupations du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) de l'année dernière face à « la détérioration de la situation des droits humains dans le pays ».

Milieu éducatif

Le rapport dresse aussi un tableau sombre de la discrimination dans le pays. Les femmes et les filles, les personnes LGBTI et les personnes atteintes d'albinisme sont particulièrement touchées par des pratiques discriminatoires et des inégalités. Les droits reproductifs des femmes sont restreints, lit-on dans le rapport, et l'avortement est illégal en toutes circonstances. La discrimination liée au genre est très répandue, toujours selon Amnesty International, et affecte de manière disproportionnée les femmes et les filles, notamment dans le milieu éducatif.

Situation précaire

Ce rapport met également en lumière les impacts dévastateurs des catastrophes naturelles et les défis humanitaires majeurs auxquels le pays est confronté, notamment sur les impacts des cyclones des débuts de l'année 2023, Cheneso et Freddy. Par ailleurs, Amnesty International soutient que la situation dans la région du Grand Sud, déjà sévèrement touchée par la sécheresse, s'est quelque peu stabilisée au cours de l'année grâce à une amélioration de l'accès à l'aide humanitaire.

Cependant, la sécurité alimentaire reste extrêmement précaire, selon toujours Amnesty International. La dépendance des populations locales envers l'assistance humanitaire les rend particulièrement vulnérables face à de nouveaux phénomènes météorologiques extrêmes, amplifiés par le changement climatique, lit-on dans ce rapport de l'ONG. Amnesty International reconnaît toutefois les efforts du gouvernement en matière de prévention des catastrophes. Des mesures telles que la diffusion d'alertes et l'évacuation des zones à risque ont été mises en place pour minimiser les impacts des cyclones.

Accord de Paris

Dans son rapport, l'ONG plaide la cause de la Grande île en matière de financement des impacts du changement climatique. Madagascar n'a pas reçu suffisamment de fonds de la part des États développés, malgré les obligations de ces derniers au regard de l'Accord de Paris, déplore Amnesty International. Ce manque de soutien financier entrave la capacité du pays à s'adapter aux changements climatiques et à gérer les pertes et préjudices résultant de ces catastrophes. Le rapport d'Amnesty International avance que les pays développés doivent respecter leurs engagements financiers et soutenir les efforts d'adaptation et de résilience du pays.

Déplacements forcés

Par ailleurs, l'Organisation souligne l'augmentation des migrations internes dues à des phénomènes climatiques, ainsi que les abus et tensions qui en découlent. Selon Amnesty International, les changements climatiques ont entraîné une multiplication des déplacements forcés à Madagascar. Le document publié en avril dernier par l'Organisation a rapporté que l'Observatoire des situations de déplacement interne, qui est une autre ONG internationale, et divers médias, ont recensé plus de 2 000 personnes de la région du Grand Sud qui ont été contraintes de quitter leurs foyers pour s'installer dans des zones urbaines et rurales du nord du pays.

Ces migrations sont principalement dues à la sécheresse sévère qui frappe la région depuis plusieurs années, lit-on dans le rapport. Des cas de violences sexuelles contre des femmes déplacées, de traite d'êtres humains, ainsi que des tensions avec les populations d'accueil ont également été signalés dans le rapport d'Amnesty International.

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