Ile Maurice: Les Lebon, une famille oubliée parmi les victimes d'inondations

«Mo enn Morisien ki pe ramas bez dan mo pei. Mo pe bizin plore pou ki mo pei ed mwa». Josian Lebon, ancien athlète de haut niveau, peine à cacher ses larmes. Il est une des victimes des inondations du 21 avril, ayant provoqué des gros dégâts à plusieurs maisons de Tranquebar.

Depuis, tout comme d'autres familles de State Land Lory street, il ne sait plus à quel saint se vouer. Pire, le 2 mai, il a reçu une lettre de la mairie de Port-Louis, lui intimant l'ordre d'évacuer sa maison, sinon, il sera poursuivi. Et mardi, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a rencontré trois autres familles sinistrées pour leur offrir un nouveau logement.

«Dites-moi où est-ce que j'irai dormir si je quitte ma maison ? J'ai deux filles, une de 12 ans et l'autre de 16 ans. Je ne peux pas les emmener n'importe où pour dormir sans m'assurer de leur sécurité. De plus, je ne peux pas louer une maison. Mon épouse est femme au foyer alors que moi, j'étais au chômage jusqu'à tout récemment», se désole-t-il.

Josian Lebon travaillait pour le Mauritius Turf Club mais il s'est retrouvé au chômage forcé en 2022 quand l'organisateur des courses a cessé toute activité hippique. «J'ai eu quelques allocations. Par la suite, mes proches m'ont soutenu pour que je subvienne aux besoins de ma famille. J'ai aussi fait de petits boulots quand c'était possible», raconte-t-il.

L'ancien boxeur de haut niveau vient tout juste de décrocher un travail comme Advisor coach au ministère des Sports. Comme son emploi est récent, il ne peut pas se permettre de payer un nouveau logement. Ce père de famille tente, depuis le 2 mai, d'entrer en contact avec un représentant du gouvernement. Il a contacté Sandra Mayotte, la députée et secrétaire parlement privée de sa circonscription, mais n'a pu la joindre.

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Josian Lebon nous montre une photo datée du 25 avril alors que Sandra Mayotte animait une réunion devant sa demeure avec des techniciens du gouvernement et des éléments de la Special Mobile Force. «Je comprends que c'est une députée et qu'elle a des engagements et que, de ce fait, elle ne peut répondre à son téléphone à tout bout de champ. Mais elle aurait pu me répondre plus tard dans la soirée et me proposer une solution. D'ailleurs, elle nous avait assuré que le gouvernement allait trouver une solution pour nous. Elle nous avait promis qu'elle interviendrait auprès de Steven Obeegadoo», regrette-t-il.

Il affirme avoir écrit une lettre pour dire qu'il accepterait de partir dans une nouvelle maison que le gouvernement mettrait à sa disposition.

Josian Lebon se demande comment le pays peut le traiter ainsi après qu'il a consacré une partie de sa vie à défendre le drapeau national. «J'étais boxeur de haut niveau. J'ai remporté plusieurs médailles d'or pour le pays. J'ai défendu le drapeau mauricien lors des Jeux Olympiques. J'ai d'ailleurs été boursier olympique. Voilà comment mon pays me traite aujourd'hui», dit-il, dépité.

D'ailleurs, ajoute l'ancien boxeur, il accompagnait une délégation de jeunes boxeurs mauriciens à l'étranger pour la compétition Mandela Cup quand les inondations ont endommagé sa maison. «Ma famille était en danger alors que moi, j'encadrais des jeunes qui ont remporté l'or pour le pays», ajoute-t-il. Ce père de famille est démoralisé.

Il a passé une bonne partie de sa journée à l'église, mercredi. «J'ai fait honneur à mon pays. J'attendais de mon pays qu'il m'aide dans ce moment difficile mais tel n'est pas le cas. Je dois pleurer pour obtenir un soutien mais personne n'entend mon cri.» Contactée hier, Sandra Mayotte n'a répondu ni à nos appels ni à nos messages.

Après une rencontre avec le PM

Les familles Ramsahye, Kanhye et Dindoyal relogées

Les familles Ramsahye, Kanhye et Dindoyal sont soulagées. Leur maison à Tranquebar avait été endommagée par les grosses pluies du 21 avril dernier. Mais eux ne vivent pas dans le même quartier que les Lebon. Ces trois familles ont été conviées au bureau du Premier ministre, mardi après-midi, pour s'entretenir avec Pravind Jugnauth. Le gouvernement a pu leur trouver une maison dans la région de La Saline, Terre-Rouge, et Le Hochet et les frais seront encourus par l'État. Ils ont également reçu des chèques et des documents pour leur nouvelle demeure.

Les cas de Lory street au parlement

Le député de Port-Louis, Reza Uteem, a évoqué la situation des sinistrés de Tranquebar au Parlement, mardi soir. Il a rappelé que le ministre des Collectivités locales, Anwar Husnoo, avait annoncé que le gouvernement essaierait de voir s'il y a une possibilité d'accorder une assistance financière aux familles concernées et si c'est possible de les reloger.

Le député mauve a demandé au gouvernement de trouver une solution le plus vite possible pour eux. En effet, dans une réponse au Parlement, le 7 mai, le ministre Husnoo avait déclaré qu'il y a quatre familles à La Butte et sept à Tranquebar dont les maisons ont été décrétées inhabitables. Il avait déclaré que les autorités feraient le nécessaire pour les reloger ailleurs mais il avait aussi précisé que quelques-unes d'entre elles refusent de partir.

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