Ile Maurice: Renganaden Padayachy à la rescousse de l'industrie hippique ?

C'est désormais connu que le grand oral du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, aura lieu le 7 juin prochain.

Des chiffres sur les taxes recueillies du betting hippique ont été avancés au Parlement mardi, ce qui laisse présager que le Budget 2024-2025 pourrait bien contenir des mesures visant à aider cette industrie. Reste que les avis divergent quant à cette possibilité. Surtout dans un contexte électoral, avec la tenue des législatives, prévues cette année. Comment la population verra-t-elle toute décision en faveur de l'industrie hippique, sans faire le lien avec Jean Michel Lee Shim ?

Le Grand Argentier a été interpellé par le député Richard Duval au Parlement, mardi, concernant les taxes perçues de l'industrie hippique, ces dernières années. Elles sont comme suit : en 2020-2021 : Rs 506 millions. En 2021-2022 : Rs 390 millions. En 2022-2023 : Rs 496 millions. En 2023-2024 : Rs 282 millions. Les provisions pour 2024 et 2025 seront faites lors de l'exercice budgétaire de juin.

Des chiffres inquiétants dans la mesure où les taxes recueillies sont sur une courbe nettement descendante. Il ne faut pas être grand clerc pour déduire que les prévisions pour la présente année et pour 2025 baisseront davantage. Les opérateurs de paris tirent déjà la sonnette d'alarme et parlent de 50 % de baisse par rapport à la même période, l'année dernière.

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Les raisons derrière ce manque d'engouement sont multiples. Un produit hippique, qui ne plait plus du fait de la mise à l'écart de l'organisateur historique, la mainmise de Jean Michel Lee Shim à plusieurs niveaux de l'industrie ou une carte peu attrayante, journée après journée.

Sans compter la cherté de la vie, qui réoriente la priorité des Mauriciens, surtout au lendemain du Covid-19, période où la sécurité d'emploi n'est plus ce qu'elle était.

Les chiffres énoncés par Renganaden Padayachy constituent-ils le préambule d'une prise de conscience que l'industrie a besoin d'un coup de pouce ? La baisse de la betting tax a été demandée par tant d'acteurs de la scène hippique, tant à l'époque du Mauritius Turf Club (MTC) que la People's Turf Plc (PTP).

«Une baisse de la betting tax va sans aucun doute encourager les parieurs à se détourner de l'illégal», explique un officiel de PTP. Rappelons que le secteur illégal, du moins à une époque plus glorieuse, jonglait avec un chiffre d'affaires qui tournait autour de Rs 800 millions par an. «Plis ki sa !», estime un bookmaker.

Si l'Etat prend déjà à sa charge plusieurs coûts, qui étaient autrefois encourus par le MTC, dont le salaire des stipes et les tests antidopage, ce n'est pas pour autant que la situation actuelle de l'organisateur de courses est à envier. Ce n'est, en effet, pas pour autant que la PTP a pu augmenter les stakesmoney afin d'attirer des propriétaires.

Va-t-on vraiment vers une baisse de la betting tax ? Surtout dans un contexte politique particulier, où le bailleur de fonds présumé du Mouvement socialiste militant pourrait être «plus un boulet» pour le pouvoir en place qu'autre chose ?

«Je ne pense pas que le gouvernement va changer la donne pour Lee Shim à quelques mois des élections», indique-t-on dans le milieu. «Ce geste pourrait être un perçu comme un énième coup de pouce à Lee Shim après tous ceux qui ont servi à réduire le MTC au silence», souligne un ancien commissaire du MTC.

Ce dernier va plus loin en énumérant les récentes décisions du pouvoir en place contre Lee Shim. Car, dit-il, «on souhaiterait, au niveau de l'Etat, montrer que JMLS n'a pas vraiment carte blanche». Entre autres, ordre de la Côte d'Or International Racecourse and Entertainment Complex Ltd de faire enlever le slogan de PTP à l'entrée du Champ-de-Mars ou de restituer le Port-Louis Tennis Club à ses anciens locataires, l'arrestation des entraîneurs pour des faits qui remontent à 2021 ou des arrestations de dernière heure «pour bien marquer le coup», et, la sévérité affichée par la Horse Racing Division à l'encontre du Chief Executive Officer de PTP. «C'est de la com», estime-t-on.

«La population pourrait mal vivre cette décision, estimant qu'il y mieux à faire ailleurs que d'inciter les Mauriciens à jouer aux courses», tonne un observateur. Celui-ci estime plutôt que le gouvernement pourrait travailler en faveur d'une plus grande ouverture parmi les opérateurs de paris. «Que les betting outlets off course refasse surface.»

Pour faciliter l'importation de chevaux, l'Etat pourrait se doter d'un transporteur dédié aux animaux. Avec un fret qui s'élève à Rs 600 000 par cheval, plusieurs propriétaires préfèrent laisser courir leurs chevaux à l'étranger. «Qu'on assouplisse les contraintes sanitaires et le choix de prestataires de quarantaine en Afrique du Sud.»

Par contre, certains estiment que, «trop de calculs politiques dans ce giron va causer la mort de celui-ci». «Plusieurs personnes en dépendent pour vivre». Un ancien entraîneur dira, lui, que «le gouvernement devrait venir en aide à cette industrie maintenant et ne point se perdre dans un désir de laisser mourir une industrie qui serait trop onéreuse à réparer par la suite.»

Des proches de la PTP feront le même constat. Cela, dans le sillage du billet publié par un journal proche de Lee Shim et qui dit que le milliardaire ne souhaite pas organier de courses en 2025. «Autant aider les courses, cette année, pour qu'après ceux qui souhaitent revenir puissent, avec l'aide de la PTP ou pas, le faire dans de bonnes conditions.»

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