Il y a seulement trois jours qu'il était sous la menace des balles assassines de ceux qui voulaient, visiblement, lui faire la peau. Son domicile a été, en effet, attaqué par des hommes lourdement armés à la suite d'une série d'évènements que les autorités congolaises ont, par la suite, qualifiés de « tentative de coup d'Etat ».
Veinard, il s'en est sorti indemne. Et le voilà désormais porté à la tête de la deuxième plus grande institution du pays, devenant ainsi, la deuxième personnalité du pays après le chef de l'Etat. Vous l'aurez compris! Il s'agit bien de Vital Kamerhe, le leader de l'Union pour la nation congolaise (UNC), qui a été élu, le 22 mai dernier, au poste de président de l'Assemblée nationale de la République démocratique du Congo (RDC).
Le ministre de l'Economie dans le gouvernement sortant qui avait déjà été désigné seul candidat de la majorité présidentielle, l'a largement emporté, sans surprise, avec 371 voix sur 407 votants, à en croire les résultats publiés par l'Assemblée nationale sur sa page officielle. C'est un retour en force pour l'ancien vice-Premier ministre qui a déjà occupé ce poste de 2006 à 2009, sous la présidence de Joseph Kabila. Qui aurait imaginé ce retour de l'enfant de Bukavu, au premier plan de la vie de la Nation?
En effet, on le sait. Des zones de turbulences, ce dinosaure politique congolais en a traversé. Du scandale financier à son débarquement du poste de directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi, jusqu'à sa condamnation en 2020 à "20 ans de travaux forcés", pour détournement de fonds publics, Vital Kamerhe avait presque touché le fond.
Le leader de l'UNC se sait attendu au pied du mur
Pour quelqu'un qui avait auparavant joué les premiers rôles avec notamment un poste de président de l'Assemblée nationale occupé pendant au moins trois ans, c'était, franchement, la descente aux enfers. Mais tel un phoenix, l'enfant de Bukavu a su renaître de ses cendres, se retrouvant à nouveau au perchoir dans ce vaste pays d'Afrique centrale frappé par une grave crise sécuritaire. Et, il semble même bien parti pour succéder à Félix Tshisekedi à la tête de l'Etat.
L'histoire politique de cet économiste de 65 ans, est ainsi faite, marquée de hauts et de bas. Autrement dit, sa vie politique se joue entre Capitole et roche Tarpéienne. C'est une chance rare, qui ne s'offre pas à tous les hommes politiques. Et Vital Kamerhe doit en être conscient. Il doit surtout la saisir et travailler à relever la montagne de défis qui l'attendent.
D'autant qu'il n'a pas que des amis ; en témoigne l'attaque perpétrée contre son domicile, la semaine dernière. En tout cas, le leader de l'Union pour la nation congolaise, se sait attendu au pied du mur. La preuve, dans ses toutes premières déclarations en tant que patron du Parlement, il a promis aux Congolais plus de transparence dans la gestion des affaires publiques, et a déclaré vouloir redorer l'image de l'Assemblée nationale.
Il a surtout abordé la cruciale question sécuritaire, tout en se montrant optimiste: «La paix est possible», a-t-il clamé devant les députés, non sans leur rappeler l'énormité de la responsabilité qui est la leur. Par ses premiers mots, Vital Kamerhe donne l'image d'un homme engagé et déterminé à mener à bien sa mission. Aura-t-il les coudées franches pour le faire ? On attend de voir.