L'Association des Femmes Handicapées Battantes du Burkina (AFHBB) a organisé, le jeudi 23 mai 2024, une conférence publique à l'attention des élèves agents de santé. Cette initiative vise à sensibiliser et à promouvoir les droits en matière de santé sexuelle et reproductive (SSR) des femmes et filles handicapées souvent négligées.
A l'entame de la conférence, la présidente de l'Association des Femmes Handicapées Battantes du Burkina (AFHBB), Maimouna Nakro, a souligné l'importance de cet événement en le qualifiant de « plaidoyer » pour un accès plus équitable aux services de santé pour les femmes et filles handicapées. Elle a déclaré, « Nous avons remarqué que les personnes handicapées rencontrent souvent beaucoup de difficultés pour accéder aux différents centres de santé. » Ces difficultés sont, entre autres, un accueil inadapté, le regard stigmatisant des autres, et le manque d'infrastructures appropriées.
Cette conférence, qui a rassemblé des femmes handicapées et des élèves agents de santé de l'École Nationale de Santé Publique (ENSP), a abordé plusieurs thèmes cruciaux. Ainsi les discussions ont porté sur « la notion de personnes handicapées », « les différents droits en santé sexuelle et reproductive des femmes handicapées » et « des pistes d'accès aux services de santé sexuelle et reproductive (SSR) par les femmes handicapées ».
Zabré Adjaratou, une membre de l'association, a partagé son expérience personnelle douloureuse. Enceinte pour la première fois, elle a été confrontée à des remarques désobligeantes d'une sage-femme lorsqu'elle cherchait des soins. « Dès que j'ai franchi la porte d'entrée, une sage-femme m'a lancé à la figure toi aussi, tu viens faire quoi ? Il faut tout faire pour t'en débarrasser sinon tu vas souffrir.' Désespérée par ces mots blessants, Adjaratou a envisagé un avortement dangereux avec des résidus de bouteilles moulus. Toutefois, elle a été dissuadée par une de ses soeurs et aujourd'hui, son enfant, âgé de 31 ans, est en bonne santé.
Pour sa part, le coordonnateur de soins au centre médical de la Patte d'Oie, Sibiri Kaboré, a reconnu les lacunes du système de santé burkinabé en matière d'adaptation aux besoins des femmes handicapées. « Quand une femme handicapée est enceinte et qu'elle se rend dans nos centres, il n'y a pas de table d'accouchement adaptée, » a-t-il expliqué, soulignant l'absence d'infrastructures et de matériel médicotechnique adéquats.
De l'avis de M. Kaboré, cette conférence est un cadre par excellence pour discuter des besoins prioritaires des femmes et filles handicapées et des mesures à mettre en oeuvre pour mobiliser les ressources nécessaires. Il a appelé à des infrastructures et des matériels médicotechniques adaptés, afin d'assurer un accès inclusif et équitable aux soins de santé.
l'AFHBB continue de mener un combat essentiel pour les droits en santé sexuelle et reproductive des femmes et filles handicapées au Burkina Faso. Grâce à des initiatives comme cette conférence, l'association espère sensibiliser davantage les professionnels de santé et la société sur l'importance d'un accès inclusif et équitable pour tous.