Congo-Kinshasa: Beni - Les jeunes du quartier Ngongolio sensibilisés au processus de désengagement

communiqué de presse

Le quartier Ngongolio est l'un des points chauds de la ville de Beni au Nord-Kivu, où se concentrent de nombreux mouvements dits citoyens et autres groupes de pression : Lucha, Véranda Mutsanga, Pelouse méchante, Nzenge Amani, Kamushipa, Antigang, Parlement debout, etc. Un terreau fertile pour la désinformation et la violence, où une rumeur a vite fait de se propager et de jeter des personnes dans la rue. Souvent, de très jeunes gens qui n'hésitent pas à s'en prendre aux passants, boutiques... et à la MONUSCO, bouc-émissaire des maux de la communauté. Ici, des jeunes sont persuadés que la présence de la MONUSCO crée de l'insécurité ou que la Mission onusienne soutient des groupes armés. Régulièrement, des convois de la MONUSCO sont pris à partie par des jeunes, à qui l'on fait croire qu'ils transportent des miliciens.

« Nous sommes victimes de la désinformation orchestrée par certains hommes politiques et leaders communautaires influents dans la communauté, qui nous font croire que la présence de la MONUSCO génère de l'insécurité là où elle est », reconnaît d'emblée Roger Kasisa, président de l'UJDR, l'Union des jeunes pour le développement et la reconstruction, une ONG locale qui s'occupe de l'encadrement des Jeunes dans ce quartier de la ville, et d'ajouter : « Souvent, nous sommes forcés de participer aux différentes manifestations par les ordonnateurs de ces mouvements ».

C'est donc pour (re)nouer le dialogue avec ces jeunes, en leur apportant la bonne information sur la MONUSCO, (son processus de retrait du pays, son rôle dans la lutte contre les groupes armés...), que sa section de l'Information publique à Beni a organisé dimanche 19 mai une sensibilisation avec une soixantaine de jeunes - dont 25 jeunes filles - de ce quartier de la ville.

Pour une liberté d'expression non violente des jeunes

Le premier point abordé a été la liberté d'expression non violente. Si la constitution consacre la liberté d'expression et de manifestation, elle ne parle cependant pas de manifestation violente. Les participants ont été sensibilisés à faire entendre leurs voix et revendications, mais pacifiquement, car «la violence détruit et ne résout aucun problème », a rappelé Benjamin Asimoni, coordonnateur de l'ONG JPCP, Jeunes patriotes consolidateurs pour la paix. Les sensibilisateurs ont invité les jeunes à ne pas se laisser manipuler et à soutenir les efforts des dirigeants pour éradiquer les groupes armés et mettre fin à l'insécurité.

Autres points abordés au cours de cette rencontre : la désinformation et ses dangers, ainsi que le processus de désengagement de la MONUSCO. Oui, la Mission est engagée à quitter le pays, à la demande des autorités, mais pas de manière désordonnée ni précipitée. Surtout, la MONUSCO n'a jamais été et ne sera jamais contre la population qu'elle protège de plusieurs façons, aux côtés des forces de défense et de sécurité congolaises. Malheureusement, à cause de la désinformation, son rôle a parfois été mal compris par une frange de la population, dont ces jeunes qui eux-mêmes ont reconnu en vouloir à la MONUSCO, « sans réelle motivation, parce qu'on nous a dit que la MONUSCO fait ceci, et nous aussi y avons cru », avoue un participant.

« Ne descendez plus dans la rue pour exiger le départ de la MONUSCO, parce qu'elle est déjà en train de partir du pays. C'est comme si vous vouliez enfoncer une porte qui est déjà ouverte », a lancé de son côté Julie Londo, de l'Union congolaise des femmes de médias, UCOFEM, une autre structure locale qui mène, avec l'ONG JPCP, une croisade contre la désinformation, après des formations facilitées par la MONUSCO. Elle poursuit : « La MONUSCO est notre partenaire, c'est nous qui l'avons invitée à travers notre gouvernement ». D'où alors cette suggestion de Roger Kasisa, président de l'UJDR, l'Union des jeunes pour le développement et la reconstruction : « Pourquoi la MONUSCO n'organise-t-elle pas des activités conjointes avec le gouvernement pour lutter contre la désinformation ? ».

Une rencontre pour changer les regards

Dieumerci Kakule M. s'est réjoui de cette sensibilisation, qui, selon lui, lui a permis d'être mieux informé. Pour lui, tout ce qu'il entendait sur la MONUSCO était vrai. Depuis cette rencontre, son regard a changé et son esprit s'est davantage ouvert : « Notre jeunesse a un grand problème de désinformation. Grâce à cette session, moi qui avais la conviction que la MONUSCO est un pilier d'insécurité, je viens de comprendre que c'est tout le contraire ; la MONUSCO est plutôt un pilier de stabilisation du pays. Je suis sorti de mon ignorance grâce à cette sensibilisation et je ne suis pas seul : tous ces jeunes que vous voyez ici pensaient la même chose que moi avant cette rencontre. Nous souhaitons que vous alliez dans d'autres quartiers où de nombreux jeunes vivent dans la même ignorance ».

Kadafi Sikyolo, président du conseil local de la jeunesse du quartier Ngongolio, abonde dans le même sens et invite les jeunes à davantage de discernement : « Les jeunes qui s'en prennent aux convois de la MONUSCO sont manipulés. Avant de poser certains actes, ou de descendre dans la rue, je les invite à se renseigner d'abord sur la véracité des faits. Nous sommes satisfaits de cette sensibilisation qui a permis aux jeunes de s'informer à la source. Des jeunes s'adonnent à des actes de violence, sans connaître les objectifs poursuivis. Nous invitons les jeunes de ce quartier à s'abstenir de tout acte de violence. Avec de telles activités, je pense que les esprits vont changer ».

A noter que cette activité marque le lancement d'une série de dix sensibilisations communautaires que la section de la Communication stratégique et de l'information publique de la MONUSCO va organiser à travers certains quartiers chauds de la ville de Beni, en collaboration avec des associations de jeunes et des médias de la ville.

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