« Venus Hottentote », « village negre », « sauvage », ces concepts ont forge l'« imaginaire colonial Français. Des termes cristallises lors des expositions coloniales dont celle de 1931, oil Madagascar a été Ia grande curiosité du public. En 1931, Madagascar participait pour Ia première fois a l'exposition coloniale de Ia Porte Dor& a Paris en France. Apres celle de 1907 et de 1922 a Marseille. II faut savoir que sur le continent européen, Ia dernière exposition sur les colonies a été organisée a Bruxelles en Belgique en 1948. Un écrit dans le livre d'or de l'exposition démontre pleinement l'état d'esprit de la France colonialiste cette époque par rapport aux territoires qu'elle a occupes. « La Grande Ile occupe une place particulière ou elle montre sous le jour favorable du décor verdoyant qui orne son palais, ('image fidèle et sincère de toutes ses forces actives présentes et de ses réserves en puissance de production pour l'avenir ». Ces expositions coloniales ne peuvent être séparées de l'histoire de Sawtche, surnommée Ia Venus Hottentote, de l'ethnie KhoIkhoI en Afrique du Sud.
Décédée en 1815, elle felt disséquée par un « naturaliste » dénomme Cuvier. Rapporte d'après des archives par Gerard Badou dans « L'énigme de la Venus Hottentote » (2000), sa dissection démontre l'enthousiasme du franglais. « Saisissant son scalpel, il prélèvera Ia vulve... et ('anus, afin de les conserver dans un bocal... Enfin, Cuvier procèdera a ('extraction du squelette entier qui, reconstitue os après os, escortera comme un spectre le moulage en plâtre dont la prodigieuse silhouette immortalisera Ia Venus hottentote L'invention du sauvage atteignait alors son summum. Une exaltation a son comble quand le livre d'or mentionne en des termes racistes. « La population amérindienne est, sans conteste, Ia plus évoluée et c'est dans ses manifestations artistiques que l'on trouve les meilleures inspirations ». Le pavillon Madagascar de l'exposition coloniale de 1931 a reçu les éloges des plus de 33 millions de visiteurs et visiteuses du mois de mai au mois de novembre. Les « villages negres » occupes par les indigènes attirent les « blancs », curieux de voir le « sauvage » &tale comme dans un zoo.
Qu'il vente ou qu'il pleuve, beaucoup ont succombe a cause des intempéries. Parmi eux des malgaches dont la richesse de la nature a ete tant vantee, tout autant que celle culturelle. D'ailleurs, une grande partie du pavilion Madagascar mettaient largement en avant la main--mise du pays colonialiste. Le livre d'or stipule, « nous y remarquons les deux beaux panneaux du grand artiste Raymond Levi-Strauss, qui sous le pretexte symbolique de l'arrivee des premiers Francais, les Dieppois Digard et Cauche, a Madagascar, en 1638, a voulu evoquer ('alliance entre la France et Ia Grande Ile, celle-ci representant ses richesses naturelles, celle-la apportant en retour l'exemple de ses techniques et ('esprit de Ia civilisation ». Une veritable geographie de la mentalite coloniale. Sous pretexte d'apporter Ia civilisation dans des contrees que Dieu lui a offertes. Car le grand architecte ne mettrait pas une ame sage dans un corps noir selon Montesquieu, un des grands inspirateurs de la colonisation. Des lors, celle--ci est d'une logique presque divine. Meme Hitler n'aurait pas pu faire mieux.