Les activités relatives à la 4e édition des Rencontres internationales de la photographie d'auteur « Festival Kokutan'art » ont démarré, le 21 mai, à Brazzaville. Plusieurs artistes talentueux ont participé à l'ouverture du vernissage collectif à l'Institut français du Congo (IFC) afin de partager leur regard sur la question à travers la photographie.
Parmi les artistes nationaux et internationaux, Franchesca Bel (Congo-France) et John Kalapo (Mali) ont partagé chacun, selon sa sensibilité artistique, leur ressenti sur la réalité du changement climatique.
Artiste plasticienne photographe, Franchesca Bel oeuvre dans des questions environnementales et identitaires. Pour cette édition, l'artiste se plonge dans le vertige de ce qui doit advenir, avec une intelligence qui surplombe l'intuition, à travers une présence sensible du hic et nunc qui suscite l'imagination sans fin de celui qui contemplerait ses photos. «Parachronisme est un travail imaginaire qui invite à interroger la question de la surconsommation et de la surproduction dans le quotidien des êtres humains, à imaginer la place des déchets dans un monde futur. C'est pourquoi, aujourd'hui, on a des carcasses de voitures qui, à la base, sont des déchets qui ne servent à rien mais, dans le futur, serviront à quelque chose tels des monuments, des lieux romantiques et des espaces qui invitent à la fête », a expliqué Franchesca.
D'ailleurs comme le pense John Stuart Mill, philosophe britannique, « parachronisme est aussi l'expérience d'un moment d'éternité qui saisit le temps toujours fugitif, donnant à la photographie, dans une dimension plus large cette superbe qui est d'inventer, sur des surfaces sensibles, des fragments de la vie qui figent le temps ». Francesca Bel qui réussit à créer des brèves et des complicités entre la prévoyance et le hasard a lancé un message, celui « d'essayer d'arrêter de produire, mais de voir comment cohabiter avec ce qui existe déjà et qu'on juge inutile ».
Si le mécanisme de Franchesca tient à l'esthétique et fait fi de structure, John Kalapo lui par contre braque son objectif sur un chaos visible. L'artiste évoque l'urgence climatique partant de la prise des décisions drastiques pour le bien être de son pays natal : « la terre mère nouricière a subi des agressions et des traumatismes permanents venant de l'homme. Au fil des siècles, il a laissé cumuler une flambée de déchets. «Nous ne sommes sommes pas arrivés à changer des habitudes de nos ancêtres pour prendre conscience que les déchets ont une vie illimité », a expliqué John. Et d'ajouter : « Quand on pense qu'un seul sachet mettra plus de deux cents ans à se dégrader, cela donne à réfléchir.» Autant de question qui suscitent la curiosité et l'intérêt de l'artiste à vouloir sensibiliser les hommes et trouver des solutions pouvant garantir à la population malienne un accès suffisant aux différents ressources conduisant au bon développement social et économique.
Rappelons que le Festival Kokutan'art, qui va s'étendre jusqu'au 21 juin, est une initiative du photographe congolais Lebon Ziavoula dit Zed Lebon, promoteur de l'association Mbongui art photo. Il réunit chaque année les mécènes culturels et les professionnels de la photographie pour échanger sur les questions liées à l'art du temps. Le Congo, la RDC, le Burkina Faso, la France, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Togo et la Tunisie sont les pays à l'honneur pour cette édition.