L'ouvrage "Sociologie du journalisme des problèmes publics à la croisée des discours" a été porté sous les fonts baptismaux le 23 mades problèmes publics à la croisée des discours /Caricatures et élection présidentielle en RDC". L'ouvrage est donc un rendu bien original de cette période qui a ponctué la vie politique du pays. Li à Kinshasa. Il est écrit de la belle connivence entre Kash Thembo, Achille Bundjoko et Patient Ligodi, croisant habilement les discours scientifique, journalistique et artistique dans une même narration.
Documenter la campagne électorale de 2023 est la motivation à la base de l'écriture de "Sociologie du journalisme es trois co-auteurs ont partagé leur regard sur ce moment, usant qui de sa plume, qui de son crayon. Avec l'oeil et l'ouïe acérée du fin journaliste qu'il est, Patient Ligodi en a fourni « la matière première ». Sa tâche : suivre le déroulement quotidien de la campagne à la loupe et le documenter. Ce qui, a-t-il expliqué au Courrier de Kinshasa, revenait à « écrire ses chroniques journalistiques et les proposer à Kash pour en produire la quintessence par le dessin de presse ». Ensuite, a-t-il poursuivi, « Avoir un échange sur le plan de la narratologie de la communication politique, de l'analyse politique par le Pr Achille Bundjoko ».
Résultat des courses, en parcourant les 280 pages de l'ouvrage, le lecteur va se remémorer certains épisodes de la campagne car il lui donne l'opportunité de redécouvrir, a souligné le Pr Pierre N'sana, « des extraits des propos mémorables des candidats mis en relation avec des postures peu perceptibles dans le feu de l'action, mais dévoilés par une démarche sémio pragmatique savamment dosée ». De la recension de l'enseignant-chercheur en information et communication, l'on retient que les quinze chapitres de la récente parution des éditions Mabiki offrent une lecture sociologique peu habituelle. Les co-auteurs ont interrogé « les traitements, les cadrages et les constructions sociales élaborées et diffusées par la presse au sujet de la campagne électorale relative à la présidentielle du 20 décembre 2023 ». Le livre s'emploie à décrire « comment les discours médiatiques ont parfois été des supports d'informations mais aussi d'idéologies, dépassant largement les formats qui les caractérisent à première vue ». Associant « l'austérité de l'écriture scientifique des enseignants Bundjoko et Ligodi, à la légèreté de l'écriture journalistique d'Actualite.cd », il crée une sorte de passerelle reliant « le monde académique et le grand public ». C'est ainsi qu' « entre notions et méthodes théoriques et applications empiriques », le livre réussit un coup de génie. Il « replonge le lecteur dans le souvenir de la campagne électorale dont les actions les plus éclatantes sont contextualisées et scrutées plus profondément ».
Dosage du sérieux, du léger et de l'humour
Le plus dur, a confié Patient Ligodi, « était de pouvoir écrire, combiner les trois modèles de pensée différents ». Comme souligné plus haut, trois champs différents s'expriment dans "Sociologie du journalisme des problèmes publics à la croisée des discours /Caricatures et élection présidentielle en RDC". Il va sans dire que, a-t-il affirmé, son intérêt demeure « le rôle du journalisme dans la construction de la démocratie ». Au bout du compte, « le travail effectué nous emmène à la conclusion que le journalisme doit être entretenu, mis à niveau, pour être à la hauteur des enjeux de la communication, de la politique et de la construction de notre démocratie », a-t-il expliqué.
En outre, les caricatures glissées entre « la combinaison écriture scientifique - écriture journalistique apportent une dimension ludique à la narration », impossible d'y être indifférent. Leur disposition à l'entame des chapitres n'est pas anodine du tout. Elles permettent, d'entrée de jeu, de captiver l'attention et qui plus est, de « rendre les analyses scientifiques et les chroniques journalistiques plus mémorables pour le lecteur », note le Pr Pierre N'sana. Surtout que « les moments clés de la campagne » sont mis en lumière en même temps que « certains faits marquants ou certaines évolutions importantes » déjà largement mis en évidence par les narrations verbales, fait-il remarquer.
La subtilité qui caractérise Kash fait au moins sourire, si ce n'est rire. Sont cités en référence les satires comme « le passage de "Fatshivit" prescrit matin midi soir en 2018 à Fatshi, notre machiniste bétonné et blindé de 2023, à lire à la page 40 », ou encore la caricature où les opérations de vote paraissent tel un piège « pour les journalistes fouineurs, reprise en page 263 et sur la couverture du livre ». Ainsi, les crayonnés de Kash ajoutent une saveur aux écritures scientifique et journalistique. La compréhension du livre n'en est que meilleure et la rétention de son contenu facilitée. « Les auteurs réussissent un parfait dosage du sérieux, du léger et de l'humour pour faire revivre un grand moment de démocratie, certes, mais qui reste avant tout un rendez-vous national, une étape importante dans l'accomplissement d'un destin collectif que chacun espère et souhaite bénéfique pour tous », témoigne Pierre N'sana.