Ile Maurice: Shakeel Mohamed élément central dans la stratégie électorale du MSM

Au moment le plus fort de l'alliance qui regroupait le Parti travailliste (PTr), le Mouvement militant mauricien (MMM) et le PMSD, Shakeel Mohamed était déjà utilisé comme un élément central dans la stratégie électorale du Mouvement socialiste militant (MSM) visant à diaboliser cette menace au règne du clan Jugnauth.

Les stratèges du MSM s'efforçaient alors à dresser une différence majeure entre le MSM soutenu par ses alliés et le camp adverse. Ils disaient que, d'une part, on voyait un leader seul, incontesté et incontestable, en la personne de Pravind Kumar Jugnauth (PKJ). Et de l'autre, en contraste radical, un leader, Navin Ramgoolam, otage sur le Front Bench de Paul Bérenger, Xavier-Luc Duval et Shakeel Mohamed.

L'image vendue auprès de l'électorat rural, c'était que du côté de PKJ, il n'y avait qu'un grand chef, un mari, alors que l'adversaire Ramgoolam devait composer avec les trwa dibwa pwint dan so... qu'étaient Bérenger, Duval et Mohamed.

Et de ces trois bois pointus, évidemment, c'était Shakeel Mohamed qui en émergeait comme le plus féroce et le plus effrayant. Et cela, avec tous les dividendes électoraux que le MSM espérait pouvoir récolter en diabolisant Shakeel Mohamed.

Aussi, quand Xavier-Luc Duval partit de son alliance avec le PTr et le MMM, et le doux et charmant Arvin Boolell fit face à un problème de santé, la manne de diabolisation communale tomba du ciel pour le MSM. Car Shakeel Mohamed, en raison de l'indisponibilité d'Arvin Boolell, devint le leader de l'opposition le 15 avril 2024.

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Une situation idéale pour le MSM car plus le profil était haut pour Shakeel Mohamed avec d'importantes fonctions, plus la campagne de diabolisation devenait pernicieuse. Mais le 21 mai, Shakeel Mohamed était expulsé, soit cinq semaines après sa nomination comme chef de l'opposition. À vrai dire, la grande majorité de Mauriciens étaient convaincus de par la nature de son disan so que Shakeel Mohamed allait être expulsé dès sa première prestation comme leader de l'opposition. Mais survivre cinq semaines dans ces fonctions témoignerait d'une étonnante volonté de maîtrise de soi qui ne pourrait que valoriser cet homme politique.

Cet exercice d'expulsion et de suspension de Shakeel Mohamed, s'agit-il d'un coup monté par le MSM et exécuté par le speaker ? Ou le bouncer du Parlement s'est-il laissé emporter ? Logiquement, si le MSM cherchait à tirer le maximum de bénéfices sur le plan de la diabolisation communale avec la carte Mohamed, il aurait été dans l'intérêt du parti de ne rien faire pour compromettre ses fonctions de leader de l'opposition.

Si les stratèges du MSM ont cru pouvoir capitaliser au maximum sur le plan communal en s'attaquant à Shakeel Mohamed, ils s'exposeraient à des difficultés en venant expliquer comment des contrats à coups de centaines de millions ont été alloués dans le contexte de Covid-19, comment des avions d'Air Mauritius ont été bradés, comment des cliniques privées sont favorisées, comment un couple évoluant au sommet de l'appareil d'État serait devenu hyperpuissant. Le retour de manivelle est souvent dévastateur.

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