Le pèlerinage de la Ghriba - plus grande synagogue d'Afrique - a pris fin ce dimanche 26 mai. Cette année, les festivités avaient été annulées du fait du contexte au Proche-Orient, mais aussi à cause de l'attentat de l'an dernier aux abords du lieu de culte. Avant de refermer l'édition 2024 qui s'est tenue en très petit comité, les fidèles ont eu une pensée pour leurs coreligionnaires tombés l'an dernier dans l'attaque.
Sans un bruit - sous le seul crépitement du flash d'un photographe - la grappe de fidèles s'avancent vers la stèle en l'honneur de Benjamin et Aviel Haddad. Suit un moment de recueillement pour les deux cousins tombés l'an dernier dans l'attentat de la Ghriba.
Haïm Haddad, un fidèle, peine à retenir ses larmes. « Ils sont morts ici, dans la synagogue de la Ghriba. Avec cette plaque, on se souviendra d'eux à jamais. On allumera une bougie pour eux à longueur d'année, pour leurs âmes saintes parties. Je pense aussi aux membres des forces de sécurité qui sont morts pour nous protéger. Ils nous ont protégés de leurs corps, ils ont donné leur vie pour nous », raconte-t-il.
L'ambassadrice de France a fait le déplacement, mais a préféré garder le silence. Alors que l'enquête n'avance pas assez vite au goût de la communauté juive, Daniel Brami, un fidèle qui a pu s'entretenir avec elle et dit apprécier ce soutien. « Il semblait important, même si c'est sans tambour ni trompette, de faire cette petite commémoration. La France, c'est évident, devait être là parce que les victimes sont en partie françaises ».
« Je pense que l'enquête est un sujet très délicat qui dérange beaucoup de monde. Les Djerbiens ont beaucoup d'inquiétude. Pas d'inquiétude, mais de ressentiment parce qu'on ne leur a pas expliqué pourquoi les corps n'ont été restitués qu'au bout de 24 heures », poursuit le fidèle.
Profondément marquée par l'attentat de l'an dernier, la communauté juive de Djerba - tout comme les membres de la diaspora - a préféré ne pas se mêler aux célébrations cette année.