Depuis le 7 octobre dernier, le Proche-Orient, perpétuellement sous tension, a connu un enchaînement de violences avec l'attaque surprise de plusieurs hameaux de l'Etat hébreu par les éléments du Hamas. Le mouvement radical palestinien basé à Gaza est connu pour sa farouche opposition à la politique d'encerclement des terres que l'opinion internationale dans son écrasante majorité considère comme le territoire devant abriter le futur Etat de Palestine.
Choquées au plus haut point par cette terreur inouïe, les autorités israéliennes, la main lourde, n'ont épargné aucun moyen de riposte puis exprimé leur détermination à tout mettre en oeuvre pour éradiquer le Hamas dans ses fondements. Cette expédition punitive, à la mesure des ravages subis par Israël, est d'une telle ampleur que de par le monde le doute a commencé à poindre quant à son efficacité et à l'atteinte des buts poursuivis.
En effet, si du côté israélien les opérations sont conduites par l'armée, du côté du Hamas s'activent plutôt des milices qui, tout en étant « aguerries », sont susceptibles de se fondre dans la population civile et devenir « invisibles ». Le risque pour les forces régulières engagées dans une telle épreuve est qu'elles peuvent facilement tomber dans le piège tendu par ces bandes en fauchant des vies innocentes. Si en plus un discours politique accompagne de telles actions, le lien est rapidement fait sur l'intention de « nettoyer » dans la zone ennemie.
Le débat en cours dans les chancelleries du monde aujourd'hui, chez les soutiens d'Israël, est que ce pays a le droit de se défendre quand il est attaqué : de l'aide conséquente en armes et munitions lui est ainsi apportée par ses partenaires et se poursuivra tant qu'un cessez-le-feu durable et permanent ne sera pas décrété. En revanche des voix favorables à la cause palestinienne investissent le terrain symbolique de la diplomatie en accélérant dans les instances internationales la demande de reconnaissance de l'Etat de Palestine. Les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale contre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, son ministre de la Défense, et aussi les responsables du Hamas jettent encore plus de lumière sur le fait que ce conflit a trop duré.
Que de souffler continûment sur les braises en fermant les yeux sur les dizaines de milliers de civils tués et sur le sort des otages, les parties palestinienne, israélienne et leurs alliés devraient se rendre à l'évidence - elles le savent depuis toujours - que la solution le plus possiblement tenable à cette inépuisable guerre tantôt larvée, tantôt vive comme cela est le cas depuis huit mois, est l'avènement de deux Etats. Il est bien certain que mené avec courage et sincérité, un tel projet signera la fin du doute existentiel inculqué de part et d'autre à la population par des dirigeants politiques prompts à perpétuer leur statut et protéger leurs intérêts.
Deux nations, palestinienne et israélienne vivant côte-à-côte en toute intelligence, rendraient à leurs peuples la liberté d'aller et venir comme ils l'entendent, sans avoir à redouter le déchirement du ciel par un engin de la mort, actionné par un ressentiment réciproque à la peau dure.
Encore faudrait-il que de l'extérieur des territoires en ébullition ne soit allumé pernicieux ce feu incessant qui incite à toujours s'approvisionner en armes de tous calibres pour infliger à l'ennemi les pertes les plus lourdes, les exactions les plus insoutenables, établir une déshumanisation qui ne dit pas son nom. Prions de tout coeur que de partout mille colombes prennent l'envol et triomphent des ténèbres.