Cameroun: Le détournement de l'enquête sur l'assassinat du journaliste Martinez Zogo

Les Enjeux d'un Scandale Politique au Cameroun

L'affaire de l'assassinat du journaliste Martinez Zogo continue de secouer le Cameroun, mettant en lumière des manipulations présumées au plus haut niveau de l'État. Un document récemment révélé, rédigé par l'expert judiciaire en cybercriminalité Jean-Pierre Oloumou à l'attention du Président Paul Biya, accuse Ferdinand Ngoh Ngoh, le puissant secrétaire général à la présidence, d'avoir détourné les conclusions de l'enquête. Cette révélation survient alors que le procès public de 17 accusés, incluant des figures influentes telles que l'homme d'affaires Jean-Pierre Amougou Belinga et l'ancien patron du renseignement extérieur Léopold Maxime Eko Eko, reprend ce lundi 27 mai.

Une Bataille Sourde au Sommet de l'État

Depuis début avril, une note de trois pages produite par Jean-Pierre Oloumou circule dans les hautes sphères du pouvoir camerounais, semant l'inquiétude à la présidence. Ce document, consulté par Africa Intelligence, résume un rapport de plus de cent pages remis en octobre 2023 à Florent Aimé Sikati II Kamwo, le juge d'instruction de l'époque. Les conclusions de l'expertise avaient alors permis d'identifier Martin Savom, ancien maire de Bibey et intime de Ferdinand Ngoh Ngoh, comme l'un des cerveaux de l'opération ayant conduit à la mort de Martinez Zogo.

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Des Manipulations Orchestrées

Jean-Pierre Oloumou souligne dans sa note que ses investigations ont été entravées par des "manipulations orchestrées au plus haut niveau" par Ferdinand Ngoh Ngoh, Joseph Beti Assomo (ministre délégué à la défense) et Galax Etoga (secrétaire d'État à la défense). Il appelle le chef de l'État à demander leur audition par le tribunal militaire, dénonçant l'abandon de pistes cruciales de l'enquête sous pression politique. Parmi les éléments troublants, l'expertise a révélé des échanges fréquents entre le journaliste et un contact nommé "Épouse SGPR", renforçant les suspicions de collusion.

Le Contrôle de l'Information à la Présidence

La question demeure si Paul Biya a bien pris connaissance de ces accusations. Ferdinand Ngoh Ngoh, en tant que secrétaire général, contrôle les principales voies de communication avec le président, ce qui pourrait compliquer la transmission de telles informations sensibles. Néanmoins, la note aurait été envoyée via plusieurs canaux, y compris celui du contre-amiral Joseph Fouda, l'un des rares à avoir un accès direct à Paul Biya.

Une Affaire Qui Ébranle la Nation

Ce scandale révèle non seulement les luttes intestines au sommet de l'État camerounais mais également les défis auxquels est confrontée la justice dans un contexte de pressions politiques intenses. L'opinion publique, déjà ébranlée par les révélations successives, attend désormais des réponses claires et des actions concrètes pour que justice soit rendue.

L'affaire de l'assassinat de Martinez Zogo est loin d'être résolue et continue de mettre en lumière les dysfonctionnements et les manipulations au sein de l'appareil d'État. Le courage et la persévérance des enquêteurs comme Jean-Pierre Oloumou sont cruciaux pour faire éclater la vérité. Le Cameroun tout entier retient son souffle, espérant que la justice puisse un jour triompher des entraves politiques et rendre justice à Martinez Zogo.

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