Pour sécuriser davantage la vente de carburant de contrebande, le gouvernement à décidé de créer des "mini-stations".
À Agla, l'un des quartiers les plus populaires de Cotonou, la capitale économique du Bénin, Ruth Bocco est bien connue comme grossiste des produits pétroliers. Depuis une dizaine d'années, elle est principalement revendeuse de l'essence dite de contrebande. "Parfois, moi, je suis à 300 ou bien 500 bidons par jour", raconte-t-elle fièrement. A 26 litres par bidon, cela fait donc 13.000 litres par jour.
C'est pour encadrer davantage et sécuriser les activités comme la sienne que le gouvernement béninois déploie des "mini-stations" en ce moment dans les grandes villes du pays. Objectif : que les revendeurs utilisent ces nouveaux appareils pour vendre l'essence, plutôt qu'en vendant le produit en bouteille. "J'ai déjà une telle machine et je souhaite que le gouvernement agrandisse notre secteur pour que tout le monde soit satisfait pour décourager l'achat des bouteilles en bord de route", plaide Ruth Bocco.
Essence de contrebande
Ces bouteilles dont parle Ruth Bocco peuvent être un danger pour les clients et les revendeurs. L'essence frelatée (ou essence kpayo) a souvent été mal stockée, et les bouteilles exposées aux intempéries. "Ces nouvelles stations sont donc une sécurité pour les clients, mais aussi pour nous", se réjouit Cyriaque Kégbé, un jeune converti en gérant de mini-station.
Volume élevé
Le volume de l'essence de contrebande représente 80 % de la consommation nationale, selon le directeur général du dépôt pétrolier du Bénin. "Nous avons recensé 54.000 acteurs dans cette activité, c'est-à-dire 54.000 points de vente", explique Sosthène Hounsou, qui explique qu'un point de vente peut faire travailler de 3 à 10 personnes.
Il était donc indispensable selon lui que le gouvernement trouve une formule adéquate pour faire face efficacement à ce secteur. "Le projet de mini-station va aider à gérer les problèmes de santé et les problèmes environnementaux. Il ne s'agira pas d'empêcher de commercialiser le produit qui vient de la contrebande, mais il faut commercialiser ce produit avec un dispositif sécuritaire. Et ce dispositif, ce sont les mini-stations". Cette décision sociale semble plutôt bien accueillie par les Béninois.