Mali: Riposte victorieuse mais entachée d'exactions de l'armée à Mourdiah

Au Mali, l'armée indique dans un communiqué avoir riposté à une attaque des jihadistes de la Katiba Macina du Jnim (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans), liés à al-Qaïda, dimanche 26 mai. Le camp militaire de Mourdiah, près de la frontière mauritanienne, était visé mais les soldats maliens ont réussi à repousser les assaillants. Une victoire entachée d'exactions particulièrement choquantes et filmées par les militaires maliens eux-mêmes.

Le camp militaire de Mourdiah, région de Nara, a été attaqué à l'aube avec deux véhicules kamikazes et des tirs d'obus, selon le communiqué de l'armée. Les Forces armées maliennes déplorent officiellement cinq soldats tués mais leur « prompte réaction » leur a permis de repousser l'attaque et même de neutraliser, selon les termes officiels, « un nombre important de terroristes ». « Plus d'une centaine », selon un reportage diffusé par l'armée sur la télévision d'État ORTM dans l'émission « Défense citoyenne » et sur les réseaux sociaux. Des véhicules et des armes ont également été saisis.

Une source sécuritaire malienne précise à RFI qu'outre la contre-attaque au sol, des moyens aériens ont été engagés avec notamment des tirs de drone.

Cette source confirme également l'authenticité des photos et vidéos prises le jour même par des militaires maliens dans la commune de Niamana, à quelques kilomètres de Mourdiah, auxquelles RFI a eu accès. On y voit des soldats circuler autour de dizaines de corps - 31 selon les paroles audibles d'un soldat malien -. Les dépouilles sont atrocement mutilées : certaines sont éventrées sur toute la longueur, dénudées, le sexe coupé et plusieurs ont été décapitées, la tête posée sur le cadavre ou à même le sable.

Autres opérations

Différentes sources civiles locales confirment que c'est bien le Jnim qui a attaqué le camp de Mourdiah - qui avait d'ailleurs déjà été pris pour cible par le passé -, mais s'interrogent sur les proportions de la riposte : toutes les personnes tuées dans les opérations de ratissage appartiennent-elles au groupe jihadiste ? N'y a-t-il eu représailles de la part de Fama sur des civils habitant la zone ? Pourquoi mutiler de la sorte les cadavres ? De tels actes sont contraires au droit international humanitaire, communément appelé « droit de la guerre ». Sollicitée par RFI, l'armée n'a pas donné suite.

La semaine dernière, au moins 13 villageois avaient déjà été tués à Niamana au cours d'une opération de l'armée malienne et de ses supplétifs du groupe Wagner.

Dans un communiqué distinct, l'armée malienne revendique d'autres opérations ayant permis de « neutraliser » un nombre non précisé de terroristes, entre vendredi et dimanche dans les zones de Douentza, Djenné, Ménaka et Gao, dans le centre et le nord du Mali.

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