Algérie: Procés de l'attaque d'In Amenas - Saura-t-on jamais la vérité ?

analyse

Plus d'une décennie après, le procès de l'attaque terroriste d'In Amenas, du nom de cette ville située au Sud de l'Algérie à la frontière malienne, s'est ouvert. Mais il a aussitôt été renvoyé.

La question qu'il faut se poser, est de savoir si ce procès permettra de connaitre la vérité afin de consoler les familles des victimes. Cette question est loin d'être sangrenue au regard de la complexité des faits. En effet, le 16 janvier 2013, un commando d'une quarantaine d'hommes armés, avait pris en otage les employés du site gazier de Tinguentourine, non loin d'In Amenas, ville située en plein désert à proximité de la frontière libyenne.

Durant 3 jours, les terroristes ont pris en otage les 700 travailleurs du site dont 550 Algériens et 130 expatriés de 26 nationalités. Les terroristes réclamaient la fin de l'opération anti-djihadiste que la France menait au Mali voisin et menaçaient de faire exploser le site. Refusant toute négociation avec les terroristes, les autorités algériennes avaient réagi par une opération musclée de sauvetage.

Ainsi, par deux fois, le 17 et le 19 janvier 2013, l'armée algérienne donne l'assaut. L'offensive est un succès militaire pour le pouvoir d'Alger car elle a permis de reprendre le complexe gazier. Mais s'il faut saluer la promptutide des forces armées algériennes, force est de reconnaitre que l'assaut lancé soulève néanmoins beaucoup d'interrogations. En effet, si les forces spéciales algériennes ont pu empêcher qu'aucun assaillant ne puisse prendre la clé des champs pour traverser la frontière, il faut cependant regretter le fait que 38 employés ont péri.

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Ce procès est aussi celui de l'Etat algérien

Les familles de ces derniers se posent des questions sur les circonstances de la mort de leurs proches. Elles dénoncent un trop grand nombre de morts civils. En effet, pour certaines victimes de l'attaque, des doutes persistent. Ont-elles été victimes d'une bavure militaire lors de l'intervention des forces spéciales algériennes? Ou ont-elles été trucidées par les terroristes ?

Du côté des terroristes, cette attaque fut la dernière pour la plupart d'entre eux. Car, même ceux ayant échappé à la mort, ont été cueillis par les forces armées algériennes. Au nombre de 4, ce sont ces derniers qui doivent répondre des faits qui leur sont reprochés. Ils sont poursuivis pour appartenance à un groupe armé, homicides volontaires avec préméditation, guet-apens et détérioration de biens de l'Etat. En tout cas, ce procès présente beaucoup d'enjeux. Pour les familles des victimes, il vient comme un ouf de soulagement après plusieurs années d'attente.

Du reste, il faut dire que c'est sous la pression de ces dernières, soutenues par leurs pays respectifs, que le procès a lieu. Elles ne souhaitent que la lumière sur cette affaire afin de pouvoir faire leur deuil. Quant à l'Etat algérien qui, visiblement, ne s'est jamais montré favorable à la tenue d'un tel procès au regard de ce que l'on sait, c'est son image sur la scène internationale, qui est en jeu. Car, ce procès est aussi celui de l'Etat algérien en ce sens que la responsabilité des morts civils sera inéluctablement posée.

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