Dakar — Ndiouk Mbaye, de l'Alliance nationale Femmes et foncier du Sénégal, a invité, lundi, les autorités sénégalaises à "prendre des dispositions" en vue de permettre aux femmes, en particulier celles du monde rural, d'accéder à la terre, afin de contribuer à l'atteinte de l'objectif de souveraineté alimentaire poursuivi par le gouvernement.
"Il faut que le nouveau gouvernement prenne ses dispositions pour que les femmes, surtout celles du monde rural, accèdent à la terre", a déclaré Mme Mbaye, présidente de la Fédération nationale des femmes rurales du Sénégal (FNFRS).
Elle intervenait à l'atelier national du Cadre de réflexion et d'action sur le foncier au Sénégal (CRAFS).
M. Mbaye pense que les femmes peuvent aujourd'hui contribuer à l'autosuffisance alimentaire, mais aussi à lutter contre l'émigration clandestine et l'exode rural de leurs enfants.
"Ce n'est pas normal que moins de 15 % des terres soient octroyées aux femmes. C'est inadmissible que les femmes ne puissent pas accéder à la terre", a t-elle déploré.
"On nous loue les terres à 75 mille, voire 100 mille francs CFA par hectare, nous le dénonçons", a-t-elle décrié, tout en espérant un changement de la part des nouvelles autorités.
"Aujourd'hui, le nouveau régime a fait le pari d'atteindre l'autosuffisance alimentaire, mais cet objectif n'est possible que si les femmes rurales sont dotées de terres, du matériel agricole, des semences et de l'engrais", a-t-elle estimé.
Mais elle considère que le contexte actuel n'est pas "favorable" en raison des impacts du changement climatique. Ainsi, c'est la raison pour laquelle l'Etat doit accorder "une attention toute particulière "à l'autonomisation économique de la femme.
Elle soutient que la situation laisse paraître qu'elles sont utilisatrices de la terre, pilier du développement agricole, mais que de façon générale, "elles n'ont pas un accès sécurisé au foncier".
"Bien que les situations soient variées, les femmes ont majoritairement des droits restreints et provisoires", a-t-elle fustigé.
"Face aux enjeux fonciers, à la conjoncture économique, nous sommes dans l'urgence de relever les défis de la bonne gouvernance foncière qui, sans doute, nous conduira dans la perspective d'un développement durable bien au-delà de la souveraineté alimentaire", a indiqué Babacar Diop, le porte-parole du CRAFS.
Il estime qu'il est nécessaire, pour les pouvoirs publics, de prendre en compte la difficulté pour les jeunes et les femmes d'accéder à la terre.
"Malgré la place importante qu'elles occupent sur toute la chaine de valeur agricole, des enquêtes ont révélé que moins de 15% des femmes ont accès à la terre. Cela est dû à plusieurs facteurs, notamment la persistance de la coutume", a-t-il diagnostiqué.
L'objet principal de ce forum est d'échanger sur les enjeux et les défis majeurs liés à la gouvernance du foncier, un levier essentiel de la souveraineté alimentaire.